[08/06/2007 16:06:46] PARIS (AFP) La perspective d’un resserrement monétaire généralisé, alors que les grandes banques centrales s’inquiètent d’une accélération de l’inflation, ont pesé cette semaine sur les places boursières dans le monde et fait remonter les taux d’intérêt à long terme. “On a davantage de craintes sur l’inflation aujourd’hui qu’il y a quelques mois”, reconnaît Frédéric Prêtet, économiste de la Société Générale. Par conséquent, le resserrement monétaire engagé depuis plus d’un an pourrait aller plus loin que prévu jusqu’à récemment, au risque de peser sur la croissance mondiale. Les investisseurs ont revu leurs anticipations, ce qui s’est traduit par une forte remontée des taux obligataires à long terme, précipitant Wall Street dans le rouge jeudi. Le Dow Jones et le Nasdaq ont perdu près de 3% les quatre premières séances de la semaine et se reprenaient légèrement vendredi en début de séance. Les places européennes ont suivi une tendance similaire. Les marchés asiatiques se sont montrés encore plus volatils, Shanghai en tête avec un plongeon de plus de 8% en début de semaine tandis que les Bourses de Tokyo et de Hong Kong ont chuté d’environ 1,5% vendredi. La Banque centrale européenne a annoncé mercredi un nouveau tour de vis monétaire, portant son taux directeur à 4%, et laissé entendre qu’elle ne s’en tiendrait pas là. Elle s’inquiète d’une poussée des prix pétroliers et des salaires notamment, et table pour 2007 sur une inflation à 2%, seuil qu’elle juge critique, au moment où la croissance de la zone euro s’accélère et devrait dépasser pour la première fois depuis 2001 celle des Etats-Unis. Outre-Atlantique, les pressions inflationnistes restent également fortes, et la Réserve fédérale, qui semblait vouloir maintenir ses taux inchangés jusqu’à la fin de l’année, pourrait finalement les remonter, alors que l’économie américaine traverse un passage à vide. L’OCDE, qui a revu en baisse à 2,1% ses dernières prévisions de croissance américaine pour 2007, s’attend toutefois à une reprise en fin d’année et à une croissance de 2,75% en 2008. Outre les Etats-Unis et l’Europe, “la Banque d’Angleterre ne devrait pas arrêter de relever ses taux, la Chine est aussi en train de durcir sa politique monétaire”, explique M. Prêtet. “Il n’y a plus que le Japon qui donne des liquidités bon marché, mais si l’économie mondiale continue de croître rapidement il pourrait entrer également dans une phase de normalisation” de ses taux d’intérêt, qui à 0,5% sont les plus bas des pays industrialisés, ajoute-t-il. Les institutions internationales encouragent les banques centrales à “agir de manière préventive pour contenir les tensions inflationnistes”, à l’instar du FMI et de l’OCDE. Philippe Chalmin, professeur d’économie à Paris Dauphine, juge toutefois que “s’il y a un sursaut d’inflation américaine”, ce n’est “absolument pas le cas en Europe”, questionnant ainsi la politique de la BCE, même si la hausse des taux courts a selon lui moins d’impact en Europe qu’aux Etats-Unis. Il relativise aussi la portée de la tourmente boursière de cette semaine: “elles ont baissé mais après avoir terriblement monté” d’une manière non justifiée, vu le trou d’air traversé par l’économie américaine. Il ne s’inquiète pas non plus des soubresauts de la Bourse chinoise: “je ne pense pas qu’elle puisse faire basculer les marchés mondiaux car son niveau de capitalisation boursière n’est pas colossal”. Un avis partagé par les analystes de Crédit Mutuel-CIC, qui jugent que la correction des derniers jours ne devrait pas “remettre en cause la tendance haussière des actions en général”. |
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