La Poste : the best of the best en Afrique … et après !

L’événement a été créé, ces jours-ci, par la Poste
tunisienne. Elle s’est vue attribuer, paraît-il en grande pompe, le  Grand
Oscar “Best of  the Best” de Western Union, leader mondial du transfert
d’argent, en tant que meilleur opérateur postal et financier en Afrique au
titre de l’année 2006.

 

Cette distinction de «prestataire sous traitant» a été
rendue publique, lors de la grande conférence annuelle de Western Union
tenue en Turquie avec la participation de 800 délégués et responsables des
entreprises financières et bancaires exerçant dans 200 pays.

 

Comme d’habitude, aucun témoin, aucun média, aucun
journaliste tunisien n’a été invité à couvrir un évènement aussi important .

 

Pour revenir à ce Grand Oscar «régional», africain par
dessus le marché, il  a été décerné par un jury sur la base d’un ensemble de
critères de performances touchant les réalisations en matière d’innovation,
la croissance de l’activité et du trafic, «le niveau de la qualité de
service», le déploiement des solutions informatiques au niveau du réseau et
la promotion de cartes de paiement ainsi que l’ouverture des bureaux de
poste en dehors des horaires de travail ordinaires.

 

Selon des statistiques fournies par la Poste tunisienne, le
réseau postal a permis, en 2006, à 580.000 Tunisiens résidents à l’étranger
et touristes d’envoyer par voie électronique 266 millions de dinars en
devises vers la Tunisie, soit une augmentation de 21% en comparaison avec
l’année 2005.

 

Le volume des montants de transfert électronique d’argent
envoyés et payés dans les bureaux de Poste en toute rapidité et sécurité a
triplé en l’espace de quatre ans (2002-2006).

 

Moralité : En matière de transfert d’argent, la Poste
tunisienne aura, par ricochet, fait, à la faveur de son partenariat avec
Western Union, mieux que certaines banques off shore tunisiennes implantées
en Europe.

 

Cette distinction fouette, de toute évidence,  notre ego.
Nous en félicitons la Poste Tunisienne.  Néanmoins, cette performance ne
doit pas occulter certaines faiblesses de cette institution au niveau des
prestations mêmes de Western Union.

 

A la même période de l’attribution de cet oscar, Mme B.C
est allée recevoir, au bureau de poste d’El Ghazala (Silicon Valley de
Tunisie), un mandat de près de 500 dinars que sa soeur lui avait envoyé de
France, par l’intermédiaire de Western Union,  moyennant une commission de
20 euros, bien 20 euros (36 dinars environ).

 

Arrivée au guichet pourtant bien indiqué, l’agent l’a
orienté vers un autre guichet en face duquel une longue queue commence à
prendre forme. Qu’à cela ne tienne. Après une demie d’heure de patience,
elle arrive devant le nouvel agent. Ce dernier, après avoir examiné
furtivement le document l’habilitant à retirer le mandat, l’a renvoyé de
nouveau au premier guichet.

 

Armée de patience et confortée par la certitude de disposer
dans un quart d’heure de 500 dinars, Mme B.C retourne au premier guichet et
présente de nouveau ses papiers.

 

A sa grande surprise : l’agent du guichet lui fait
signifier, le plus simplement du monde,  et sur un ton «grincheux» qu’elle
vient de recevoir le mandat de 500 dinars.

 

Renseignement pris et après avoir effectué toutes les
vérifications possibles et inimaginables, il s’est avéré qu’une dame portant
le même prénom – mais pas le même nom- vient de retirer le mandat de 500
dinars de Mme B.C alors que le mandat de la dame était simplement de 250
dinars.

 

Loin de reconnaître sa bourde, l’agent de guichet a même
proposé à Mme B.C de prendre le mandat de 250 dinars de l’autre dame.

 

Avertie de par son métier, Mme B.C exige de faire prévaloir
ses droits et de voir le chef de bureau.

 

Loin de reconnaître la bourde de son agent, ce dernier
propose à Mme B.C de revenir le lendemain et d’attendre qu’une enquête soit
menée pour récupérer l’argent perdu.

 

Ne trouvant pas de solution au niveau du bureau de poste,
et face à cette absence manifeste de professionnalisme, Mme B.C s’adresse à
la direction générale de la Poste et obtient, immédiatement, gain de cause.
Un happy end, dites-vous, mais à quel prix !