[10/06/2007 22:09:08] BRUXELLES (AFP) Un rapport de la Confédération syndicale internationale (CSI) dénonce les “abus” et “atteintes flagrantes” aux droits des travailleurs dans plusieurs usines implantées en Chine fournissant des articles – sacs, casquettes etc – pour les Jeux olympiques de Pékin de 2008. “Recours à la main d’oeuvre infantile”, “salaires représentant la moitié du salaire minimum légal”, “horaires à rallonge”, travail “dans des conditions insalubres et dangereuses”, “travailleurs obligés de mentir aux inspecteurs indépendants”, “non déclaration à la sécurité sociale”…, le réquisitoire, concernant un pays connu pour sa main d’oeuvre docile et bon marché, est sévère. Le rapport, intitulé “Pas de médaille +droits des travailleurs+ pour les Jeux olympiques” est rendu publique dimanche, alors que se tiendra mardi à Londres une réunion du Comité international olympique (CIO). La CSI (304 syndicats dans 153 pays), la Fédération internationale des travailleurs du textile, de l’habillement et du cuir (FITTHC) et la campagne “vêtements propres” (réseau d’ONG et de syndicats luttant pour l’amélioration des conditions de travail dans le secteur de l’habillement, chaussure, etc), réunis au sein de l’organisation “PlayFair 2008” en sont les auteurs. Leurs enquêteurs ont recueilli des témoignages l’hiver dernier dans quatre usines accréditées par le CIO pour fournir des articles sous licence olympique tels que des sacs, casquettes, articles de papeterie etc, qui porteront le logo des Jeux : Lekit Stationery Co, Mainland Headwear Holdings Ltd, Eagle Leather Products et Yue Wing Cheong Light Products. “Je commençais à travailler tôt le matin et je restais au travail jusqu’au lendemain à deux heures du matin ! Ce n’est pas arrivé qu’une seul fois mais 2 ou 3 fois par mois. J’étais épuisée mais ils m’obligeaient à retourner au travail comme d’habitude le lendemain”, témoigne sous couvert de l’anonymat une fille de 13 ans, qui travaille dans l’une de ces quatre entreprises. Certaines employées sont en outre exposées à des produits de teinture qui provoquent des brûlures aux mains, selon le rapport. “Ici personne ne porte des gants de protection ! Le fait de porter des gants ralentirait le travail et le superviseur vous accuserait d’arrogance (…) Mes mains me font tellement mal lorsque je fais la lessive”. Ca “me fait pleurer de douleur”, explique l’une d’entres elles. Dans une lettre datée de vendredi et transmise à l’AFP, le CIO, qui a reçu un exemplaire de ce rapport, a indiqué qu’il se souciait de la question, tout en précisant qu’il ne contrôlait pas “directement tous les produits liés aux JO à travers le monde”. Les concessions de licence olympique devraient rapporter environ 70 millions de dollars pour les JO de Pékin, selon PlayFair 2008. Les entreprises accréditées versent en effet une redevance, dont le montant est directement dévolu à l’organisation des Jeux. “Un tel déni des normes internationales du travail (…) couvre de honte le mouvement olympique tout entier”, estime Guy Ryder, secrétaire général de la CSI, dans un communiqué. Les auteurs du rapport “exhortent le CIO à prendre ses responsabilités dans la préparation des JO de Pékin” en veillant particulièrement “à ce que les droits des travailleurs chinois ne soient pas bafoués”. |
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