[11/06/2007 17:52:31] PARIS (AFP) Le Réseau éducation sans frontières (RESF) a investi la toile avec un site internet national, des dizaines de blogs et de listes de diffusion, sans lesquels la mobilisation contre l’expulsion de parents sans papiers d’enfants scolarisés en France n’aurait jamais été la même. “Quand l’un d’entre nous a un ordinateur en panne, c’est un drame profond, on est désemparés”, plaisante Richard Moyon, l’un des porte-parole de RESF. En France, les mouvements sociaux ont vite utilisé les outils électroniques pour coordonner leurs mouvements, y compris par le biais du vieux minitel: pendant la grève du ministère des Finances, en 1992, les syndicalistes s’en servaient pour organiser leurs actions. Quinze ans plus tard, les sympathisants de RESF ont fait d’internet leur “force de frappe” selon Jean-Jacques Méric, l’un des trois webmestres du site national (educationsansfrontières.org). Le maillage s’organise autour d’une trentaine de sites et blogs locaux partenaires, un peu partout en France, du site national, d’un blog hébergé par Libération (sanspapiers.blog.libération.fr) ou encore des quelque 2.400 sites personnels où un lien renvoie à RESF, explique-t-il, évoquant enfin les sites dévolus au départ à un seul cas, comme pour la famille Raba (collectif-raba.fr) Le site national reçoit 10 à 20.000 visites en période de pointe, comme lors de l’importante mobilisation de l’été 2006 et, jusqu’à 400.000 mensuellement. En parallèle, des listes de diffusion donnent l’alerte par email, la principale comptant 20.000 abonnés. Ces listes, et un système d’alerte téléphonique en cascade, permettent en cas d’action urgente “de rassembler pas mal de monde” en quelques heures, explique Richard Moyon: “C’est un outil absolument indispensable, sans internet, le mouvement n’aurait pas pris ces proportions”. L’information est diffusée, et collectée: des listes plus confidentielles permettant par exemple aux militants de débattre d’un texte avant de le publier, comme ce fut le cas du premier appel lancé par RESF pour les parents sans papiers, en juin 2004. Enfin, la toile a permis au mouvement de dénicher des cas dont il n’aurait jamais eu connaissance autrement. “Face à la difficulté de nous contacter, j’ai émis l’idée d’un site”, témoigne Joël Brettnacher, de Haute-Savoie, l’un des départements disposant d’un blog (resf74.ifrance.com): “souvent des personnes dans l’entourage d’une famille en difficulté font une recherche internet dans le département, nous trouvent, et envoient un courriel”, explique-t-il: “si une famille a un problème, on alerte tous nos réseaux”. Le blog de Libération, un peu à part, sert de forum de discussion, épargnant à RESF un temps précieux puisque ce sont les modérateurs de Libé qui arbitrent les débats. On y trouve aussi beaucoup de récits émouvants, comme celui évoquant Hervé (un prénom d’emprunt), lycéen débouté du droit d’asile de République démocratique du Congo, caché par une famille française, sans nouvelles de son père opposant à Kabila, ni de sa soeur aînée, ni de son jeune frère, et qui partait en 2006 au lycée “la peur au ventre”. “Pour tout le monde, y compris nos deux fils, Hervé fait dorénavant partie de la famille. Pour nous, c’est une évidence : nous ne chercherons pas d’autre solution d’hébergement pour ce môme. Il restera à la maison”, témoigne Nathalie Fessol, son hôtesse, dans un message en date du 7 juin. |
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