RDC : le gouvernement entame une revue des contrats miniers

 
 
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Carte de la République Démocratique du Congo

[11/06/2007 15:29:02] KINSHASA (AFP) Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a entamé lundi à Kinshasa une revue des contrats miniers passés ces dernières années entre l’Etat et des partenaires privés, en vue de leur éventuelle “révision”, mais sans évoquer la possibilité de “résiliations”.

Prévus jusqu’en août, ces travaux, qui concernent une première liste de 60 contrats passés ces dix dernières années, ont été ouverts par le ministre des Mines, Martin Kabwelulu, en présence de représentants de la communauté internationale en RDC, a constaté un journaliste de l’AFP.

“L’ouverture de ces travaux marque le démarrage du train de la bonne gouvernance mis en chantier par le président de la République (Joseph Kabila) et le Premier ministre (Antoine Gizenga)”, a déclaré M. Kabwelulu.

La commission chargée de l’évaluation des contrats est composée d’une trentaine d’experts rattachés à la présidence et au gouvernement, institutions légitimes issues des élections générales de 2006 qui ont mis fin à une période de transition entamée après une guerre de près de cinq en RDC (1998-2003).

Elle bénéficiera de l’assistance technique d’experts internationaux, dont ceux des fondations américaine du Centre Carter et sud-africaine Open Society Initiative for Southern Africa (Osisa).

La commission va examiner “au cas par cas” les contrats et proposer “des modalités de leur révision en vue de corriger ainsi les déséquilibres constatés”, a déclaré M. Kabwelulu, qui s’est refusé à envisager pour le moment des “résiliations”.

La plupart de ces contrats offrent à des investisseurs privés d’énormes avantages fiscaux et parafiscaux parfois au détriment de l’Etat. Certains mandataires publics “auraient même conclu des contrats avec des sociétés privées en violation flagrante de la loi en la matière”, a souligné le ministre.

“Le gouvernement a décidé de revisiter ces contrats, sans toutefois que cela ne se traduise en une révolution minière”, a-t-il toutefois tempéré.

La RDC recèle d’immenses ressources naturelles, dont 34% des réserves mondiales connues de cobalt et 10% des réserves de cuivre. Mais 75% de ses 60 millions d’habitants vivent avec moins de 1 dollar par jour.

Les plus grandes compagnies internationales y sont présentes, dont le premier groupe minier mondial BHP Billiton, le géant de l’or sud-africain Anglogold Ashanti et l’américain Phelps Dodge.

Les experts du secteur minier estiment que plus de 90% des exportations sont illégales.

“Il est donc plus que temps que les mines congolaises profitent pleinement et visiblement au peuple du Congo”, a martelé M. Kabwelulu.

Sur 60 premiers contrats à examiner, plus de la moitié ont été passés entre la Générale des carrières et des mines (Gecamines), une société minière d’Etat implantée au Katanga (sud-est), et des investisseurs étrangers.

A son apogée, au milieu des années 80, la Gécamines produisait plus de 400.000 tonnes de cuivre par an. En 2006, elle tablait sur une production de 20.000 tonnes.

En 2001, une restructuration a été lancée, sous l’égide de la Banque mondiale et plus de la moitié de ses 33.000 employés ont été licenciés. Des participations, le plus souvent majoritaires, ont été cédées, “bradées” selon nombre d’ONG et d’observateurs, à des groupes étrangers, dans un incroyable flou juridique. Parmi les nouveaux investisseurs, figurent notamment l’Américain Phelps Dodge, le Canadien First Quantum et le Chinois Covec.

L’actuel administrateur-délégué général de la Gécamines, Paul Fortin, s’est félicité de voir démarrer une “radiographie” des partenariats de l’entreprise publique, qu’il souhaite voir s’exercer “dans la transparence pour dissiper les anxiétés, les craintes entre partenaires”.

 11/06/2007 15:29:02 – © 2007 AFP