Chine : reprise de l’inflation, le gouvernement pourrait intervenir

 
 
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Liasses de billets de 100 yuans dans une banque de Nanjing

[12/06/2007 08:45:30] PEKIN (AFP) A son niveau le plus haut depuis 27 mois, l’inflation en Chine a progressé en mai davantage que ne le souhaiterait le gouvernement, laissant augurer de possibles nouvelles mesures pour la juguler.

Selon le Bureau national des statistiques, l’indice des prix à la consommation, jauge principale de l’inflation, a bondi de 3,4% sur un an le mois dernier, alors que le gouvernement veut le contenir pour l’année sous la barre des 3%.

Il s’agit de la plus forte hausse depuis février 2005 (+3,9%).

Le taux est toutefois resté dans les limites fixées, sur l’ensemble des cinq premiers mois de l’année, à +2,9%.

Au vu de la flambée de certains prix de l’alimentation, représentant le tiers du budget des ménages, les analystes s’attendaient à une reprise de la hausse en mai, aux alentours de 3,3%, son niveau de mars.

Les cours des viandes et volailles ont bondi de 26,5% en mai, selon le BNS, en particulier ceux du porc, dont “les Chinois consomment davantage par personne que les Allemands”, soulignait dans une récente note Julian Jessop de Capital Economics.

Pour Hong Liang de Goldman Sachs, cette hausse des prix du porc, due à celle, mondiale, des céréales fourragères, “pourrait pousser l’inflation en glissement annuel au dessus des 4% très bientôt”, car les prix à la hausse de la viande, “constituant 7% du panier de l’indice”, se répercuteraient sur le reste des produits alimentaires.

Les oeufs ainsi que les huiles et matières grasses ont également flambé en mai: respectivement +37,1% et +21,4%.

Les analystes surveillent de près l’indice des prix à la consommation, qui s’est accéléré fin 2006, alors que la Chine continue d’enregistrer une croissance de plus de 10% (11,1% au premier trimestre).

Pour calmer cette économie fonctionnant toujours à plein régime, la Banque centrale a eu recours ces derniers mois à une série de mesures comme le resserrement du crédit.

Elle a annoncé en même temps le 18 mai une hausse des taux d’intérêts, la quatrième en un an et la deuxième depuis le début de l’année, et du ratio réserves obligatoires en yuans des banques, pour la cinquième fois depuis janvier.

L’institution a alors expliqué viser une “croissance raisonnable” des crédits et des investissements et le maintien de prix “stables”.

Les derniers chiffres de l’inflation pour mai pourraient avoir alimenté les craintes d’un nouveau recours à ce type d’outils monétaires, le principal indice de la Bourse de Shanghai chutant immédiatement après l’annonce et clôturant à la mi-séance en baisse de 0,60%.

“Il est possible” que l’annonce, en milieu de matinée, ait provoqué ce recul, “le public s’attendant à d’éventuelles mesures”, a commenté Huang Yiping, du groupe bancaire américain Citi.

“Mais l’impact ne devrait pas être trop fort” a ajouté l’économiste, qui prévoit “deux autres hausses des taux d’intérêt cette année”.

Pourtant, des analystes soulignent que les hausses de prix dans certains secteurs pourraient s’avérer positives, notamment les grains et le porc.

“Un effet secondaire bienvenu serait une élévation du revenu dans les campagnes”, indique Julian Jessop.

“Il faut empêcher l’inflation de grimper davantage mais un certain niveau est nécessaire et aujourd’hui ce niveau n’est pas insupportable”, surtout s’il permet “de rétrécir l’écart de revenus villes-campagnes”, renchérit Zuo Xiaolei de Galaxy Securities.

En outre, “l’inflation indiquant une dépréciation de la monnaie, cela devrait alléger les pressions pour une réévaluation du yuan”, ajoute-t-il.

 12/06/2007 08:45:30 – © 2007 AFP