[13/06/2007 07:36:59] BORDEAUX (AFP) Les prix des plus prestigieux crus du bordelais, vendus en primeurs, se sont légèrement infléchis par rapport à ceux de l’exceptionnel millésime 2005 qui avaient battu des records, mais le marché fait la moue, jugeant cette baisse insuffisante pour une cuvée hétérogène. Alors que les prix des quelque 400 crus commercialisés sur le marché des primeurs s’étaient envolés en moyenne de 65% entre 2005 et 2004, récompensant l’excellente qualité des vins, le millésime 2006, plus difficile, s’oriente vers une baisse de 10% à 20%, selon courtiers et négociants. “Ce n’est pas la baisse qu’on attendait! Les vins, certes meilleurs qu’en 1997, ne présentent pas un bon rapport qualité-prix”, déplore Jean-Christophe Mau, négociant de la société Yvon Mau, qui juge que les prix ne sont plus fixés “en fonction de la qualité mais de la notoriété du cru”. Jean-Luc Thunevin, négociant à Saint-Emilion, estime lui aussi que la baisse “n’est pas suffisante” pour ses clients. Selon lui, le millésime 2005, qualifié de millésime du siècle, a “perverti les raisonnements”. “Tout le monde s’attendait à ce qu’on revienne à un millésime normal, comme celui de 2001 par exemple. Or, on est dans des prix nettement supérieurs, du fait de la forte demande sur les grandes marques”, souligne cet expert. La bouteille de Smith Haut Laffite rouge, qui se négociait 19,20 euros en 2004 avant de monter à 33 euros en 2005, vient de sortir à 28 euros en 2006. Quant au Château l’Eglise Clinet, un Pomerol, le plus cher à ce stade de la campagne, son prix a été fixé à 100 euros, soit seulement 12 euros de moins qu’en 2005, mais bien supérieur aux 39 euros de 2004. Du coup, la campagne est plutôt morose, selon les professionnels. “Toute la presse nationale et internationale a décrié le millésime, à juste titre, donc personne ne se presse pour acheter le millésime 2006. Les seuls acheteurs intéressés sont la grande distribution française, qui n’a pas acheté beaucoup de 2005, considéré comme trop cher”, note M. Mau. La saison des primeurs souffre aussi de l’atonie du marché américain, pénalisé par un dollar faible. Allan Sichel, PDG de la maison de négoce Sichel et président de la fédération des négociants de Gironde, relève que depuis la campagne 2005, le dollar a baissé d’environ 15% par rapport à l’euro: quand les Américains achètent un cru 2006 15% moins cher, ils paient au final presque comme en 2005. Même si ce millésime présente moins d’attrait, une poignée de grands crus, demandés par le monde entier, reste toutefois soumise à une forte spéculation, car ils ne sont plus considérés comme des produits de consommation mais comme “des icônes, des oeuvres d’art”, selon M. Thunevin. Les grands noms du bordelais n’ont pas encore annoncé leur prix, mais si les prix sont trop élevés, la chaîne de commercialisation –du courtier au consommateur– s’interrompra forcément, prévient Allan Sichel. La pratique de la vente en primeur permet d’acheter le vin avant sa sortie sur le marché, après une semaine de dégustation organisée quelques mois après les vendanges, ce qui permet une acquisition à un prix plus bas et la certitude d’accéder aux vins les plus recherchés. |
||
|