Afrique du Sud : la grève du secteur public s’étend, menace de paralysie

 
 
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Des salariés du secteur public manifestent le 13 juin 2007 à Durban en Afrique du Sud (Photo : Rajesh Jantilal)

[13/06/2007 20:59:35] JOHANNESBURG (AFP) L’Afrique du Sud était au bord de la paralysie mercredi alors que des centaines de milliers de salariés se sont joints à la plus importante grève que le pays ait connu depuis la chute de l’apartheid en 1994.

Les services municipaux et privés de transport n’étaient plus assurés, en solidarité avec la grève du secteur public lancée au début du mois. Les tribunaux étaient fermés, les ordures n’étaient plus ramassées, tandis que le mouvement menaçait de bloquer le secteur privé.

“Peu de gens sont au travail, ceux qui sont venus sont surtout des cadres”, a indiqué la porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mantshele wa ga Tau.

Willy Madisha, président de la principale centrale syndicale sud-africaine COSATU, avait averti mardi que quelque deux millions de ses membres ne se rendraient pas au travail mercredi.

Depuis dix jours déjà, la plupart des écoles publiques sont fermées et les hôpitaux n’assurent plus qu’un service minimum grâce aux médecins militaires.

En dépit d’assurances du président Thabo Mbeki, qui a affirmé mardi devant le Parlement que le conflit serait résolu rapidement, le COSATU a réitéré sa volonté de pousser le gouvernement à améliorer sa dernière offre aux fonctionnaires.

Le gouvernement propose une hausse de salaire de 7,25%, légèrement supérieure à l’inflation, tandis que les syndicats réclament une augmentation de 10%, ainsi que des allocations logement et une meilleure assurance santé.

Des dizaines de milliers de manifestants étaient descendus dans la rue mercredi, surtout dans les grandes villes à l’instar de Johannesburg, Pretoria le Cap ou Durban.

“Ca fait du mal de voir que des gens meurent (à cause de la quasi-fermeture des hôpitaux entraînée par la grève, ndlr) mais notre situation ne nous autorise pas à reprendre le travail”, a estimé Papa Dlamini, l’un des infirmiers participant au rassemblement de Johannesburg.

Devant plusieurs milliers de personnes, le secrétaire général du principal syndicat des enseignants (SADTU), Thulas Nxesi, a taxé les négociations de “farce”. “Il n’y a aucun mouvement sérieux” de la part du gouvernement, a-t-il lancé. “Nos employeurs rêvent s’ils pensent que la grève va s’arrêter bientôt”.

Les manifestants brandissaient quant à eux des pancartes d’avertissement à l’égard du président Mbeki et de son gouvernement. “Nous nous souviendrons de vous lorsque nous irons voter en 2009”, pour les prochaines élections générales, affirmait l’une d’elle.

La grève dans les transports, y compris dans les compagnies privées, a cloué chez eux nombre de Sud-Africains.

“Nous fonctionnons à minima et nous avons accru la surveillance par la police et des agents privés pour assurer la sécurité des voyageurs”, a déclaré un porte-parole de l’organisation chapeautant les transports ferroviaires dans le pays, SA Rail Commuter Corporation, à l’agence de presse SAPA.

La grève a été entachée depuis le début de violences et intimidations à l’encontre d’enseignants ou d’employés du secteur de la santé qui n’ont pas suivi le mouvement. Mardi, la maison d’un pharmacien travaillant dans un hôpital près de Johannesburg a été incendiée.

Devant le Parlement, M. Mbeki avait rappelé les syndicats à leur responsabilité dans la construction de la jeune démocratie qu’est l’Afrique du Sud post-apartheid.

“Nous devons nous interroger sur le type de société que nous sommes en train de bâtir. Quelle morale offrons-nous lorsque les insultes, la violence à l’encontre des compagnons de travail et la destruction des biens deviennent monnaie courante lors de conflits de ce type ?”, a-t-il demandé.

Aucun incident n’avait été relevé en milieu d’après-midi.

 13/06/2007 20:59:35 – © 2007 AFP