Washington s’abstient à nouveau d’accuser la Chine de manipulation du yuan

 
 
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Liasses de billets de 100 yuans dans une banque de Nanjing

[13/06/2007 21:01:21] WASHINGTON (AFP) Les Etats-Unis se sont une nouvelle fois abstenus mercredi d’accuser la Chine de manipuler sa devise, le yuan, malgré des appels de plus en plus pressants de parlementaires pour demander de muscler la législation en vigueur.

“Bien que la monnaie chinoise soit sous-évaluée, la Chine ne répond pas aux critères” permettant de la classer parmi les pays manipulant leur monnaie, a estimé le Trésor dans son très attendu rapport semi-annuel sur les changes.

“Le Trésor n’a pas pu déterminer si la politique de taux de change de la Chine était menée dans le but d’empêcher la balance des paiements de s’équilibrer ou de s’octroyer un avantage compétitif déloyal dans le commerce mondial”, ajoute le rapport.

Répliquant du tac au tac, quatre influents sénateurs ont aussitôt dévoilé un projet de loi destiné à punir les pays dont les monnaies sont sous-évaluées.

La texte abaisse et élargit les critères utilisés pour juger un pays coupable de manipulation de son taux de change, et met en place un calendrier précis de mesures de rétorsion contre les gouvernements récalcitrants, allant jusqu’à la saisie de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

L’association des industriels NAM, qui avait déploré le constat tiède du rapport du Trésor, s’est félicitée de ce projet de loi, qui “cherche à régler un problème que nous rencontrons depuis des années au sein des règles de l’OMC”.

Mais les Etats-Unis sont en position délicate pour taper du poing sur la table, compte-tenu de leur énorme dépendance face aux importations chinoises à bas prix qui permettent aux ménages de consommer toujours plus. Leur déficit commercial envers la Chine a atteint 232,5 milliards de dollars l’an dernier.

La Chine a aussi un moyen de pression du fait de son portefeuille de titres américains (elle est le deuxième plus gros détenteur de bons du Trésor derrière le Japon).

La représentante américaine au Commerce (USTR) a de son côté refusé d’invoquer la sous-évaluation du yuan, comme des parlementaires le lui avaient demandé, pour déclencher la “section 301” de la loi sur le commerce, arme massue permettant de décider des sanctions commerciales.

“Un engagement ferme vis-à-vis de la Chine (…) offre les meilleures chances de succès”, a estimé Susan Schwab.

Le yuan est le principal point de friction des relations économiques entre les deux pays. Lors de leurs entretiens sur le sujet, Pékin s’est régulièrement montré circonspect face aux demandes de Washington d’aller plus vite et plus loin sur la flexibilité des changes.

Certains économistes estiment que le yuan est sous-évalué de 40% face au dollar. Cela “signe l’arrêt de mort pour des pans entiers de notre base industrielle, et incite de nombreuses entreprises à délocaliser leur production en Chine”, s’est indigné le sénateur républicain Duncan Hunter mercredi.

Dans ces conditions de grogne croissante, accuser la Chine de manipulation aurait à coup sûr tendu les relations entre les deux pays. Avant même le verdict du Trésor, la Chine avait pressé les Etats-Unis de “ne pas politiser” la question du yuan.

Coincés sur le taux de changes, les Etats-Unis ont tenté de hausser le ton sur l’économie chinoise.

“La hausse rapide des investissements et de la croissance au premier trimestre 2007 et l’accélération de l’inflation ont renouvelé les inquiétudes sur les risques de surchauffe (…) et de bulles” spéculatives, souligne le rapport.

“Si ces conditions venaient à disparaître rapidement, cela pourrait conduire à un atterrissage brutal de l’économie chinoise”, et cela risquerait de “fortement affecter l’économie mondiale”, selon lui.

 13/06/2007 21:01:21 – © 2007 AFP