Entreprises en difficulté : A quand la culture du ‘’Chapter 11’’ ?
Nous avons été particulièrement
impressionnés par le sursaut d’indignation de l’un des chefs d’entreprise
tunisiens à propos du regard que nous persistons à poser sur les entreprises
en difficulté. C’est un cri du cœur qui ne laisse personne insensible car M.
Mourad Ghattas qui soutient que ‘’… cette situation dans laquelle risque de
se retrouver toute entreprise n’est pas une marque de «voyoucratie», qui
doit se coller comme une étiquette au chef de l’entreprise en tant que
patron. C’est une situation prévue en droit, car c’est un risque éventuel.
L’entrepreneur est en fait un militant économique qui a droit aussi bien au
succès qu’à l’échec.’’
Nous partageons le point de vue de M. Ghattas car nous pensons qu’une
entreprise (comme les planètes et les êtres vivants) naît, évolue et puis
disparaît. Certaines passent par ce cycle en quelques années, voire quelques
mois. D’autres peuvent durer des dizaines d’années et même des siècles. Mais
le processus est le même, il faut le comprendre pour être capable d’observer
les entreprises en difficulté avec courage (pour essayer des les ramener à
une vie saine) mais aussi avec sérénité.
Mais, rassurez-vous, nous n’allons pas inventer le fil à couper le beurre !
Nous vous proposons simplement de poser un regard interrogateur sur les
pratiques anglo-saxonnes dans ce domaine.
Les Américains appellent cela le ‘’Chapter 11’’ et cela décrit la situation
d’une entreprise qui se trouve en cessation de paiement et qui s’adresse à
une Cour fédérale pour les faillites pour s’inscrire dans un processus de
repêchage qui la laisse en activité mais sous la tutelle de superviseurs en
ce qui concerne la ‘’réorganisation’’ desdites dettes. La Cour peut décider
un soulagement complet ou partiel en vue des dettes et des contrats pour
permettre à l’entreprise de prendre un nouveau départ.
Les détracteurs du ‘’Chapter 11’’ dissent qu’il est excessivement indulgent
en ouvrant une telle porte de secours à un management incompétent car cela
risque d’avoir des effets de nonchalance néfastes à l’économie du pays en
général. Ces critiques ne sont pas nombreux vu les effets réels montrent que
les entreprises qui ont une seconde chance ont, dans leur très grand
majorité, tendance à s’accrocher de toutes leurs forces. En tout état de
cause, cette pratique, qui fait aujourd’hui partie des activités usuelles, a
complètement ‘’dépassionné’’ la notion de faillite. Et c’est de cette
culture que nous avons besoin pour avancer dans le domaine des entreprises
en difficulté.