[15/06/2007 10:03:17] PEKIN (AFP) Les dernières statistiques en Chine ont encore une fois peint l’image d’une économie tournant à toute allure, laissant présager de nouvelles mesures de contrôle macroéconomique. La semaine s’est ouverte avec un chiffre embarrassant, celui de l’excédent commercial, qui a encore progressé de près de 73% en glissement annuel an mai, pour atteindre 22,45 milliards de dollars. Elle s’est poursuivie avec ceux de la production industrielle, à +18,1% sur les cinq premiers mois (contre 12,5% en 2006) et surtout de l’inflation, en hausse de 3,4% en mai, son plus haut niveau en 27 mois. Enfin, elle s’est conclue sur l’annonce d’un bond des investissements en capital fixe dans les zones urbaines: + 25,9% sur un an entre janvier et mai, après être redescendu à 24% l’an dernier. “A ce rythme d’investissements, il y a des risques pour les troisième et quatrième trimestres”, a souligné Zhu Jianfang, economiste de CITIC securities. “Nous pensons que le gouvernement va prendre des mesures, notamment monétaires”, a-t-il ajouté, relayant une opinion largement répandue chez ses confrères. “La Banque centrale pourrait procéder à une nouvelle hausse du taux de réserves obligatoires des banques de 50 points de base ce mois-ci, suivie par une hausse des taux d’intérêt de 27 points de base”, prédit Shen Minggao, économiste du groupe bancaire américain Citi. Pour les économistes de Morgan Stanley, Pékin apparaît effectivement bel et bien “condamné à une nouvelle série de mesures: administratives pour freiner les investissements, de resserrement monétaire plus agressif” ainsi qu’en matière de taxation, pour freiner les exportations. De telles mesures seraient d’autant moins une surprise qu’elles ont été implicitement annoncées dès mercredi par le Premier ministre chinois qui a estimé nécessaire d’agir pour freiner l’emballement de la quatrième économie de la planète et a évoqué un nouveau “resserrement modéré” dans le domaine monétaire. “Il y a toujours d’importants problèmes dans l’économie”, dont la croissance a atteint 11,1% au premier trimestre, après 10,7% en 2006, a dit Wen Jiabao, en mentionnant aussi les problèmes en matière de contrôle de la pollution et des dépenses énergétiques. Pourtant, Pékin n’en est pas à son coup d’essai en matière de mesures. Depuis deux ou trois ans, le gouvernement a multiplié les décisions visant à freiner l’emballement de la machine économique. Toute une série de produits et matériaux ont ainsi vu augmenter leur taxes à l’exportation ou baisser les déductions dont ils bénéficiaient dans ce domaine; le contrôle du crédit a été accru comme celui du foncier, pour empêcher une bulle immobilière, et surtout, depuis un an, le gouvernement n’a pas lésiné sur le recours à la hausse des taux d’intérêt (augmentés deux fois rien que cette année) ou des ratios de réserve obligatoires des banques (cinq fois depuis début 2007). De quoi laisser perplexe. A moins que, comme ne l’indique Feng Yuming d’Orient Securities, “les mesures du gouvernement ne visent pas à freiner la croissance économique, mais juste à l’empêcher d’aller encore plus vite”. |
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