[15/06/2007 10:06:55] PARIS (AFP) D’un côté des chômeurs sans qualification, de l’autre des entreprises à la recherche de main-d’oeuvre : les groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ), en plein essor, favorisent et accompagnent une rencontre qui va rarement de soi. Karim a cumulé un contrat de qualification, où “il a eu des problèmes”, puis des formations, avant de rencontrer le directeur du GEIQ BTP du Nord-Pas-de-Calais, qui l’adresse à des entreprises adhérentes. Sur le premier chantier, cela se passe mal. “On m’a changé et ça allait, grâce au tuteur. Il m’a donné une deuxième chance”. Epaulé et formé dans le cadre d’un contrat de professionnalisation, Karim est aujourd’hui en CDI. Regroupement d’entreprises qui ont des problèmes de recrutement, dans les secteurs du bâtiment, de la propreté, du transport, de l’agro-alimentaire ou de la logistique, le GEIQ embauche des salariés, en gère les contrats de travail, organise leur formation en fonction des besoins de l’entreprise et “prend tous les risques”. Pour Thierry Haie, directeur commercial d’Eiffage Pays de Loire, intervenant lors d’une réunion organisée par l’Ajis (association des journalistes de l’information sociale) cela “a un coût” puisque l’entreprise rémunère le GEIQ pour un montant plus élevé que ne lui coûterait le salarié, mais “au final, on s’y retrouve”. Les petites entreprises hésitent à recruter des jeunes en apprentissage ou contrat de qualification, dit-il, à cause du tutorat à organiser et des difficultés à gérer un conflit éventuel. “Si un jeune n’est pas sur le chantier un matin, on appelle le GEIQ et si cela ne va pas, le jeune est changé d’entreprise”, explique-t-il. Le salarié ne signe qu’un seul contrat de travail malgré un parcours au sein de plusieurs entreprises et bénéficie d’un double tutorat, social et professionnel. “On n’est pas des assistantes sociales, mais quand on peut éviter que des problèmes personnels viennent plomber un contrat, on intervient”, en aidant à trouver un logement, un moyen de transport, ou avec une avance, explique Thierry Mourotte, directeur d’un GEIQ BTP dans le Maine-et-Loire. Chaque année, il reçoit 300 personnes, la moitié abandonnent tout de suite, seuls 30 sont embauchés. Après un stage de deux semaines et une journée de formation, un contrat est déterminé selon le profil, d’une durée moyenne de 18 mois, au cours de laquelle plusieurs périodes en entreprise sont prévues. Pour ces métiers en apparence peu attractifs, “il faut attirer les demandeurs d’emploi avec un vrai contrat, une formation qualifiante et une embauche quasi-sûre ensuite”, soutient Arnaud Farhi, secrétaire général du comité national de coordination et d’évaluation des GEIQ. Les GEIQ sont des “dispositifs concrets de flexisécurité”, et montrent qu’on peut concilier l’intérêt du salarié et de l’entreprise, dit-il, rappelant que l’objectif “n’est pas de partager la main d’oeuvre ni de faire face à des pics ou des creux d’activité”, les entreprises étant tenues de respecter la charte rédigée en 1996, à la naissance des GEIQ. Depuis, près de 32.000 embauches ont été réalisées par la centaine de GEIQ du réseau qui regroupe actuellement 3.600 entreprises, essentiellement des PME. Si 40% des contrats sont interrompus en cours de route, 86% des contrats achevés aboutissent à une qualification (niveau CAP). A la sortie, 72% des personnes ont un emploi, dont près de 60% en CDI. |
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