Le BTP allemand s’achemine vers sa première grande grève depuis cinq ans

 
 
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Des ouvriers du bâtiment à Berlin, le 5 janvier 2006 (Photo : Theo Heimann)

[15/06/2007 10:56:14] FRANCFORT (AFP) Après cinq ans de paix sociale et à peine sorti du marasme, le secteur du bâtiment allemand se prépare à une grève dure après la remise en cause par le patronat de ses promesses de hausse salariale dans deux Etats régionaux.

Depuis mercredi, le syndicat de branche IG Bau consulte les salariés dans les Etats fédérés de Basse-Saxe et du Schleswig-Holstein (nord) sur le principe d’une interruption de travail illimitée à partir de lundi.

Le résultat de cette consultation ne sera rendu public que samedi à la mi-journée, mais l’affaire semble d’ores et déjà entendue, IG Bau tablant sur un vote en faveur de la grève à plus de 75%.

Si la grève concerne au premier chef ces deux Länder, elle menace de s’étendre à d’autres régions du pays. Des grèves d’avertissement ont ainsi déjà touché cette semaine la ville-Etat de Hambourg, coincée entre les deux Länder. Le secteur emploie en tout 680.000 personnes dans le pays.

Employeurs et salariés sont sur le pied de guerre, et profitent des dernières heures avant le début des hostilités pour fourbir leurs armes. Il faudra compter sur “un conflit dur”, a déjà averti Klaus Wiesehügel, président du syndicat IG Bau. “Personne ne peut comprendre pourquoi tous les employeurs ne veulent pas ouvrir leur porte-monnaie, malgré la bonne conjoncture économique”, s’étonne-t-il encore vendredi dans le journal populaire Bild.

“Si des grévistes extérieurs à l’entreprise empêchent des salariés de se rendre au travail, nous seront obligés de recourir à l’aide de la police”, a prévenu Hans Espel, président de la fédération patronale de Basse-Saxe.

C’est cet Etat, qui est, avec son voisin le Schleswig-Holstein, à l’origine de la grogne. Les fédérations patronales des deux Länder, qui comptent en tout 130.000 employés dans le BTP, ont rejeté au début du mois un accord salarial conclu en mai au niveau fédéral, et qu’ils avaient pourtant dans un premier temps accepté comme l’ensemble des autres régions du pays.

Cet accord, qui avait été obtenu aux forceps après des mois de négociations, prévoyait une augmentation de salaires de 3,5% au 1er juin, puis de 1,5% au 1er avril 2008 et de 1,6% au 1er septembre 2008 pour tous les salariés du bâtiment en Allemagne.

Des hausses difficilement supportables pour les entreprises du BTP des deux Länder, essentiellement des PME, affirme-t-on côté patronal. Certes, le secteur s’est redressé, mais “il est encore trop tôt pour distribuer une plus grande part du gâteau”, fait valoir un porte-parole de la fédération patronale du Schleswig-Holstein.

Un argument rejeté côté syndical, puisque le bâtiment a renoué l’an dernier avec la croissance, avec une hausse de l’ordre de 6% de son chiffre d’affaires dans l’ensemble du pays, après dix années de marasme. Passé un temps d’euphorie à la suite de la Réunification allemande, le secteur avait traversé une grave crise due à une offre trop élevée de logements et de bureaux.

La reprise économique en l’Allemagne a permis depuis au secteur de renverser la tendance. Sans compter le Mondial-2006 et la douceur de l’hiver dernier, qui lui ont donné un coup de pouce supplémentaire.

La Fédération centrale de l’industrie allemande du bâtiment ZDB table sur une poursuite de la reprise cette année, mais considère qu’il faudra encore du temps pour que la hausse du chiffre d’affaires des sociétés se traduise par des bénéfices.

Il faut remonter à 2002 pour retrouver une situation similaire. A l’époque, les salariés avaient arrêté le travail une dizaine de jours pour finalement arracher une hausse de salaires en deux temps, de 3,2% puis de 2,4%, malgré une conjoncture déprimée. Avant cette grève, le dernier grand conflit social datait de 1949.

 15/06/2007 10:56:14 – © 2007 AFP