Possible vente à Arnault : la rédaction des Echos menace de faire grève mardi

 
 
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Le patron de LVMH Bernard Arnault, le 10 mai 2007 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[18/06/2007 18:22:15] PARIS (AFP) La rédaction des Echos menace de faire grève mardi, pour la deuxième fois de son histoire, contre une possible vente à Bernard Arnault, qui serait en “négociation exclusive” avec le groupe britannique Pearson, selon les journalistes du quotidien.

Depuis plus d’une semaine, les salariés des Echos s’inquiètent de la rumeur insistante d’une vente du groupe par son propriétaire britannique, le groupe Pearson. L’acquéreur serait le Pdg de LVMH, Bernard Arnault, qui proposerait plus plus de 200 millions d’euros.

Ni Pearson, ni Bernard Arnault, ni la direction des Echos n’ont souhaité commenter ces rumeurs.

Mais selon les informations “précises et concordantes” obtenues auprès de leurs sources par des journalistes du groupe, Bernard Arnault serait entré en “négociation exclusive” avec le groupe Pearson “sur une offre dite +préemptive+”.

Réunis lundi en assemblée générale, les salariés ont voté à l’unanimité moins trois abstentions contre la vente éventuelle du groupe à M. Arnault et voté le principe d’une grève pour mardi, qui empêcherait la parution du titre mercredi.

Ils demandent également que l’indépendance éditoriale soit contractualisée en cas de vente des Echos, avec la création d’un comité éditorial.

“L’opposition des salariés est motivée par l’extrême inquiétude que suscite le non-respect manifeste de l’indépendance éditoriale des journalistes par l’acquéreur potentiel ainsi que les conflits d’intérêts qui pourraient en résulter”, ont expliqué les syndicats et la Société des journalistes (SDJ) dans un communiqué commun.

Avec LVMH, M. Arnault dirige un des poids-lourds du CAC 40, sur lequel ont régulièrement à écrire les journalistes du groupe.

Ce proche de Nicolas Sarkozy possède également le principal concurrent des Echos, le quotidien économique La Tribune.

“Si ce rachat devait se confirmer, il mettrait à mal l’indépendance des rédactions du groupe les Echos et leur viabilité sur le plan économique, parce qu’on voit bien que les journaux économiques détenus par des groupes industriels souffrent d’un manque de crédibilité”, a expliqué à l’AFP, Antoine Boudet (SNJ).

Les représentants du personnel doivent rencontrer mardi matin la direction lors d’un comité d’entreprise extraordinaire, auquel participera David Bell, le président des Echos et représentant de Pearson au conseil d’administration.

Ils souhaitent que la direction, qui s’est jusqu’à présent retranchée derrière Pearson, leur fasse un point sur la situation et confirme ou non la vente à Bernard Arnault.

M. Bell rencontrera ensuite les représentants de la société des journalistes.

A l’issue de ces réunions se tiendra une nouvelle assemblée générale, au cours de laquelle les salariés voteront sur la mise à exécution de leur menace de grève.

“La seule chose qui pourrait suspendre le mouvement serait qu’on nous dise qu’on n’est pas vendu à Arnault ou qu’on cherche d’autres acquéreurs”, a estimé Katty Cohen (SNJ-CGT).

Si la grève était votée, ce serait la deuxième de l’histoire des Echos, après celle observée en 1988 pour soutenir Jacqueline Beytout qui voulait vendre le groupe à Pearson, contre l’avis du gouvernement Balladur.

Lundi, l’inquiétude était également palpable parmi les salariés de La Tribune. Les journalistes craignent que le titre soit rapidement vendu si son propriétaire parvient à mettre la main sur les Echos.

 18/06/2007 18:22:15 – © 2007 AFP