Les Echos : la direction confirme la mise en vente, les salariés en grève

 
 
SGE.OWX15.190607165531.photo00.quicklook.default-245x162.jpg
Le siège des Echos, à Paris, le 19 juin 2007 (Photo : Stéphane de Sakutin)

[19/06/2007 17:12:15] PARIS (AFP) Les salariés des Echos se sont mis en grève mardi pour protester contre le rachat éventuel du groupe par Bernard Arnault, alors que la direction a confirmé la mise en vente du titre mais pas le nom de son possible acquéreur.

A l’issue d’une assemblée générale, les salariés ont décidé de mettre à exécution leur menace de grève, dont le principe avait été acté la veille. Ils empêchent ainsi la parution du journal mercredi.

“Tout le monde a cessé le travail. On n’assurera pas la sortie du journal ce soir. L’équipe web a cessé immédiatement d’alimenter le site internet et ce jusqu’à (mercredi) 15H00”, a déclaré à l’AFP le président de la Société des journalistes (SDJ), Vincent de Féligonde.

Les émissions de télévision assurées par la rédaction sont, elles aussi, suspendues.

C’est la troisième fois de l’histoire presque centenaire des Echos que les salariés du titre se mettent en grève. La dernière grève avait eu lieu en 1988.

Cette année-là, ils avaient cessé le travail pour soutenir Jacqueline Beytout qui voulait vendre le groupe à Pearson, contre l’avis du gouvernement Balladur.

Cette fois-ci, c’est la rumeur récurrente d’une vente du quotidien de Pearson au Pdg de LVMH Bernard Arnault qui a mis le feu au poudre.

Dans la matinée, la direction a pour la première fois confirmé au comité d’entreprise qu’un processus de vente du groupe avait été engagé et des banques mandatées à cet effet, Les Echos n’entrant pas dans la “stratégie globale” de Pearson.

SGE.OWX15.190607165531.photo01.quicklook.default-189x245.jpg
Le patron de LVMH Bernard Arnault, le 10 mai 2007 à Paris (Photo : Eric Piermont)

Selon des informations de presse, ce dernier, également propriétaire du quotidien Financial Times, envisagerait actuellement de s’allier avec General Electric pour racheter Dow Jones, l’éditeur du Wall Street Journal. Une opération qui nécessite de l’argent frais.

Mais la direction a assuré aux représentants du personnel que la vente des Echos n’aboutirait pas forcément et a refusé de confirmer les rumeurs selon lesquelles Pearson serait en négociation exclusive avec Bernard Arnault.

De son côté, Pearson a confirmé qu’il envisageait de vendre le groupe (qui comprend le quotidien, le site internet, le magazine Les Enjeux…), tout en laissant entendre qu’il ne se prononcerait définitivement qu’au vu des différentes offres.

Selon Le Monde daté de mercredi, la vente serait pourtant imminente. Le groupe de Bernard Arnault aurait proposé “une somme proche de 250 millions d’euros” et une “date butoir aurait été fixée à mercredi”, indique le journal.

Or, les salariés estiment que M. Arnault, patron d’un des poids-lourds du CAC 40 et déjà propriétaire de La Tribune, “ne satisfait pas à deux exigences majeures: l’indépendance éditoriale et le maintien de l’emploi”, ont-ils indiqué dans un communiqué.

Quel que soit l’acquéreur, la rédaction des Echos souhaite en outre être associée à l’élaboration d’un dispositif garantissant son indépendance éditoriale.

“On demande qu’avant tout mandat de vente, on définisse avec Pearson un cadre juridique qui assure l’indépendance éditoriale des Echos et que le résultat soit intégré au mandat”, a expliqué M. de Féligonde.

Le possible rachat des Echos par Bernard Arnault suscite également de vives inquiétudes chez les salariés de La Tribune, qui craignent d’être très rapidement cédés si leur propriétaire met la main sur leur principal concurrent.

Réunis eux aussi en assemblée générale, ils ont averti qu’ils feront “preuve de la plus grande vigilance sur le devenir du journal et de ses salariés”.

 19/06/2007 17:12:15 – © 2007 AFP