Japon : Ghosn défend son bilan à la tête de Nissan et exclut de démissionner

 
 
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Le PDG de Nissan Carlos Ghosn lors d’une conférence de presse, le 20 juin 2007 à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

[20/06/2007 10:06:11] YOKOHAMA (AFP) Le PDG de Nissan, Carlos Ghosn, a défendu mercredi face à des actionnaires parfois très critiques le bilan de ses sept ans à la tête du constructeur automobile nippon, excluant de démissionner même si le groupe traverse actuellement un passage à vide.

Longuement pris à partie lors de l’assemblée générale annuelle par un petit actionnaire mécontent qui exigeait son départ, M. Ghosn a rétorqué que “le résultat de 2006-2007 reste l’un des meilleurs que Nissan ait jamais réalisé”.

“Tant que je jouirai de la confiance des actionnaires et de la confiance des employés, je resterai”, a-t-il ajouté ensuite lors d’une conférence de presse.

Pour la première fois depuis l’arrivée de M. Ghosn en 1999, Nissan n’a pas réussi lors de l’exercice 2006-2007 à tenir ses objectifs de résultat et a subi une baisse de 11,1% de son bénéfice net.

Nissan a en outre perdu sa place de deuxième constructeur automobile japonais au profit de Honda, et ce alors que son autre grand concurrent, Toyota, devenait numéro un mondial.

“Notre catalogue de nouveaux produits était vide l’an dernier. Nous savions que cela allait être le cas. Mais ce que nous n’avions pas prévu, c’était que dans le même temps les prix des matières premières allaient augmenter et que les marchés américain et japonais allaient se contracter”, a justifié M. Ghosn.

Pour redresser la barre, Nissan a annoncé ces derniers mois plusieurs mesures: remaniement de la direction, réorganisation du réseau commercial au Japon avec 1.150 suppressions de postes, et plan de 1.500 départs volontaires pour ajuster les effectifs à la baisse de la production dans l’Archipel. Les grands directeurs du groupe ont en outre été privés de bonus cette année.

“Nous devons reconnaître notre échec, l’analyser et réagir”, a déclaré M. Ghosn devant plus de 2.100 actionnaires, réunis dans une ambiance calme et plutôt favorable au PDG français malgré quelques coups d’éclat ponctuels.

M. Ghosn a rappelé que “les problèmes que traverse aujourd’hui le groupe sont très petits par rapport à ceux que nous avions en 1999”, lorsqu’il avait pris les commandes d’un Nissan au bord de la faillite.

“Les articles de presse négatifs que nous lisons aujourd’hui sont du gâteau à côté de ceux que je pouvais lire à l’époque”, a-t-il poursuivi.

“Nissan reste une entreprise extraordinairement rentable. Ne l’oublions pas”, a insisté le PDG, qui a tout de même dit “comprendre et partager la frustration” des actionnaires face au recul du cours du titre Nissan en Bourse.

L’action Nissan a perdu près de 6% de sa valeur depuis le début de l’année.

“Nous n’allons pas tolérer une baisse du prix de notre action sans réagir”, a averti M. Ghosn, annonçant que des études étaient actuellement menées pour déterminer les mesures les plus efficaces (rachat par Nissan de ses propres actions, augmentation des dividendes ou autre).

Il a admis que le médiocre comportement de l’action était notamment dû à “un manque de clarté sur les perspectives à long terme de Nissan”, qui annonce traditionnellement ses objectifs sur trois ans “alors que beaucoup d’actionnaires aimeraient savoir ce qui se passera au delà”.

Carlos Ghosn a par ailleurs répété que Nissan et le français Renault, dont il est également le PDG, ont suspendu leur recherche d’un troisième partenaire pour élargir leur alliance, après l’échec l’an derniers des négociations avec l’américain General Motors.

“Aujourd’hui nos actionnaires considèrent qu’élargir l’alliance constitue un risque plutôt qu’une opportunité”, a expliqué M. Ghosn.

“Nous ne sommes en discussions avec personne. Cela ne veut pas dire que nous ne recevons pas des coups de téléphone, mais nous n’y répondons pas”, a-t-il répété.

 20/06/2007 10:06:11 – © 2007 AFP