La Chine prend de nouvelles mesures fiscales pour freiner ses exportations

 
 
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Lasses de billets de 100 yuans dans une banque de Nanjing

[20/06/2007 10:11:14] PEKIN (AFP) La Chine a pris de nouvelles mesures fiscales pour tenter de freiner ses exportations, mais les analystes se demandent si elles suffiront à réduire le gigantesque excédent commercial.

Cet excédent, qui nourrit les réserves de changes et la liquidité excessive du système, donne des arguments aux partenaires commerciaux de la Chine, comme les Etats-Unis, qui jugent le yuan sous-évalué.

Après des mesures similaires ces derniers mois, parfois “temporaires”, sur plusieurs dizaines de produits, le ministère des Finances a décidé de baisser ou supprimer, à partir du 1er juillet, les rabais de taxes à l’exportation dont bénéficiaient toute une série de biens : 2.831 articles en tout, soit 37% des différents types de produits exportés.

“Le but principal est de restreindre la vitesse d’accroissement des exportations et soulager les problèmes importants provoqués par l’excédent commercial”, a expliqué le ministère.

La liste des produits concernés est un pêle-mêle allant des jouets aux montres, en passant par les produits en acier ou les motocyclettes.

Sont également concernés plus d’un demi-millier de produits “hautement consommateurs d’énergie et de ressources” comme le ciment, le sel, les engrais, le propane, butane ou gaz de pétrole liquifié (LPG).

Le gouvernement espère aussi encourager les investissements dans la haute technologie et autres secteurs à haute valeur ajoutée.

“C’est la première fois qu’est adopté un ajustement de cette ampleur. Il montre la détermination du gouvernement à changer la structure de la croissance des exportations”, affirme Li Yushi, directeur adjoint d’un institut dépendant du ministère du Commerce.

“Il ne s’agit pas de mesures cosmétiques. Le gouvernement a la volonté de faire baisser l’excédent. Dans un monde idéal, il ferait plus mais ces industries sont créatrices d’emplois…”, estime Stephen Green, économiste de Standard Chartered, en soulignant cependant la difficulté de mesurer leur impact.

“Nos calculs préliminaires montrent que cela ne concerne que moins de 5% du commerce total”, indique-t-il.

Pour Li Yushi, “L’excédent est un problème de longue haleine, structurel. On ne peut pas s’attendre à le résoudre vite”.

Il note que “les ajustements vont peut-être conduire à des restructurations dans certains secteurs, avec des faillites d’entreprises, ce qui est normal dans une économie de marché”.

Les pressions pour une augmentation des prix pourraient être lourdes dans des domaines comme le textile ou les jouets, où les marges sont faibles.

Pour Huang Yiping de Citigroup, “ceux qui augmenteront le plus vraisemblablement leurs prix sont les exportateurs de produits consommateurs de ressources, davantage compétitifs”.

La Chine accumule les records commerciaux ces dernières années, comme un excédent de 177,47 milliards de dollars en 2006 (+74% sur un an). Cette année il est déjà en hausse de quelque 83% entre janvier et mai en glissement annuel.

De plus, l’écart s’est encore creusé entre exportations et importations en mai : le rythme de progression des premières a été supérieur de 1,9 point de pourcentage à celui d’avril, alors que la hausse des importations est en baisse de 2,2 points.

 20/06/2007 10:11:14 – © 2007 AFP