Pétrole : vague d’acquisitions en vue dans les sables bitumineux canadiens

 
 
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Le terminal pétrolier Syncrude à Fort McMurray le 14 juin 2007 (Photo : David Boily)

[20/06/2007 07:27:59] FORT MCMURRAY (AFP) Les sociétés pétrolières canadiennes exploitant les sables bitumineux du nord de l’Alberta attisent les convoitises des géants mondiaux du secteur qui lorgnent une part du gâteau dans cette réserve d’or noir, la première de la planète hors de l’instable Moyen-Orient.

Après la vague d’acquisitions de joyaux miniers canadiens, comme Inco et Falconbridge et peut-être prochainement Alcan, le Canada risque de voir certains de ses acteurs-clé du secteur de l’énergie passer aux mains de groupes étrangers.

Les sables bitumineux de l’Alberta contiennent des réserves exploitables de 173 milliards de barils, ce qui place la province de l’ouest canadien au deuxième rang mondial derrière l’Arabie Saoudite, mais cette position pourrait “mener à d’importants achats de groupes canadiens”, estime la banque CIBC.

“Je pense que le secteur des sables bitumineux est mûr pour une vague d’acquisitions. Il y a là des actifs qui attirent l’attention des joueurs mondiaux de l’industrie”, explique à l’AFP Mark Friesen, analyste du secteur chez FirstEnergy Capital, en Alberta.

Depuis que le baril a franchi la barre des 50 dollars, il y a deux ans, d’importants groupes pétroliers convoitent les sables bitumineux canadiens, mais l’exploitation du lourd pétrole non conventionnel qu’ils renferment nécessite des montagnes de capitaux.

Le français Total a ouvert le bal en faisant l’acquisition de Deer Creek pour 1,4 milliard de dollars canadiens en septembre 2005. Shell Canada a suivi ce printemps en rachetant Blackrock pour 2,6 milliards de dollars, avant que la maison mère ne reprenne le contrôle total de sa filiale cette année.

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Le terminal pétrolier de Syncrude, dans l’Alberta, le 13 juin 2007 (Photo : David Boily)

Le groupe norvégien Statoil a déposé fin avril une offre amicale de deux milliards de dollars pour s’emparer d’un autre canadien, North American Oil Sands Corporation (NAOSC), dont les concessions renferment plus de deux milliards de barils.

“La possibilité que l’on voit encore plus ce genre d’opération est là. Des groupes déjà présents tenteront peut-être d’augmenter leur part”, estime M. Friesen.

Selon plusieurs analystes, l’accès à ce juteux marché ne passe pas par l’achat de joueurs déjà bien implantés comme Suncor, dont le chiffre d’affaires annuel dépasse les 15 milliards de dollars, mais plutôt par de plus petits groupes comme UTS Energy, Canadian Oil Sands, Opti Canada ou Western Oil Sands. Ce dernier fait d’ailleurs l’objet de rumeurs d’achat par le géant français Total, qui est convaincu que l’avenir des sables bitumineux appartient aux majors internationaux en raison notamment des coûts d’exploitation.

“Quand vous examinez les difficultés de développer ces projets-là, c’est clair que les compagnies les mieux adaptées pour le faire, ce sont les grosses pétrolières”, dit le président de Total Canada, Michael Borrell, dans un entretien sur le site de Joslyn, à 60 km au nord de Fort McMurray.

Les sables bitumineux sont exploités à partir d’une mine à ciel ouvert lorsque les réserves sont en surface à moins de 80 m de profondeur ou “in-situ”, via l’injection de vapeur dans le sol, quand le précieux composé est enfoui plus profondément.

Par la suite, le bitume doit être isolé et “upgradé”, en y ajoutant de l’hydrogène ou en y retirant du carbone afin d’obtenir un pétrole dit synthétique, et pourra enfin être raffiné.

“Le rendement de ces opérations se situe sur le long terme. Les compagnies qui n’ont que cela comme actifs vont trouver ça difficile de financer un développement de cette taille-là”, pense M. Borrell.

Total Canada prévoit d’investir entre “10 et 15 milliards” de dollars au cours de la prochaine décennie afin de porter sa production autour de “250.000, 300.000 barils par jour”, dont un large partie du pétrole synthétique issue de mines.

 20/06/2007 07:27:59 – © 2007 AFP