Deutsche Telekom arrache un compromis au syndicat Verdi

 
 
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Le directeur des ressources humaines de Deutsche Telekom Thomas Sattelberger (g) et le négociateur du syndicat Verdi Lothar Schroeder se serrent la main le 19 juin 2007 à Bad Neuenahr (Photo : Berthold Stadler)

[20/06/2007 15:03:38] BERLIN (AFP) Après une semaine de négociations serrées, l’opérateur allemand Deutsche Telekom et le syndicat Verdi ont trouvé à l’arraché un compromis sur la restructuration des services, un projet qui a conduit à la première grande grève chez l’ex-monopole depuis douze ans.

Au bout de presque six semaines de grève, Deutsche Telekom est finalement arrivé à ses fins: les 50.000 employés externalisés dans une nouvelle filiale de services aux clients privés à partir du 1er juillet prochain travailleront plus et gagneront moins.

“Les deux parties ont dû lâcher du lest, mais nous sommes satisfaits parce que nous avons atteint notre but de baisser les salaires”, a déclaré à la chaîne de télévision allemande n-tv le négociateur et directeur du personnel de Telekom Thomas Sattelberger, les traits tirés par la dernière nuit de négociations marathon.

Au huitième jour des discussions menées à Bad Neuenhar près de Bonn, la direction a finalement accepté de baisser les rémunérations des salariés concernés de 6,5%, au lieu de 9% initialement prévu, progressivement à partir de 2008. Les salaires à l’embauche seront revus à la baisse, afin de se rapprocher des conventions salariales en vigueur chez les concurrents de Telekom.

Le temps de travail sera lui allongé de quatre heures pour passer à 38 heures hebdomadaires. Le samedi devient par ailleurs un jour de travail standard, afin de mieux répondre à la demande des clients et de se calquer sur la concurrence.

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Des employés de Deutsche Telekom manifestent à Mainz, le 23 mai 2007 (Photo : Torsten Silz)

L’entreprise bonnoise a par ailleurs confirmé qu’elle ne procéderait à aucun licenciement sec jusqu’en 2012 dans cette nouvelle filiale baptisée T-Service, allongeant d’un an le délai de protection prévu à l’origine.

Elle s’est aussi engagée à la garder jusqu’en 2010 au sein de l’entreprise. A partir de cette date, Deutsche Telekom pourra donc vendre sa filiale s’il le souhaite.

Sans déborder d’enthousiasme, le syndicat des services Verdi s’est montré soulagé : “Nous pourrons vivre avec ce compromis”, a déclaré Lothar Schröder, le négociateur du syndicat. Il a finalement été obligé de céder sur la question des baisses de salaire, qui avait été l’élément déclencheur de la grève.

Le ministre des Finances Peer Steinbrück (social-démocrate) a salué aussi “une solution très raisonnable” à la fois pour les salariés, les employeurs et l’entreprise. Il s’est réjoui que le gouvernement se soit tenu à l’écart des négociations, alors que l’Etat est encore l’actionnaire majoritaire de l’ancienne entreprise publique, avec 30% des actions.

Pour les experts du secteur, Telekom s’en sort bien. A la Bourse de Francfort, l’annonce du compromis a d’ailleurs été gratifiée d’une forte hausse de l’action.

“Le grand vainqueur, c’est la direction”, affirme sans hésiter Josef Esser, professeur à l’Université de Francfort.

“Verdi a pu montrer à ses adhérents qu’il pouvait encore être utile, en organisant un mouvement social, mais il n’a réussi à décrocher que le minimum d’amélioration”, indique à l’AFP ce spécialiste du syndicalisme.

“Ce compromis permet juste à Verdi de garder la face”, conclut-il.

Pour Telekom en tout cas, l’accord est une bouffée d’air frais, alors que l’ex-entreprise publique, confrontée à une concurrence acharnée sur son marché allemand, ne pouvait se permettre de renoncer à ses restructurations.

Grâce à cette externalisation, elle espère économiser entre 500 et 900 millions d’euros par an, une manne nécessaire alors que le bénéfice net a plongé de 19% en 2006, notamment en raison de la résiliation de plus de 2 millions de lignes de téléphonie fixe.

Pour son image aussi, la fin du mouvement social est une bonne nouvelle, alors que des milliers d’usagers sont restés à cause de la grève plusieurs jours sans téléphone, coupé par les intempéries.

Ce compromis a été présenté mercredi dans l’après-midi à la grande commission du syndicat Verdi, qui a accepté l’accord.

 20/06/2007 15:03:38 – © 2007 AFP