[21/06/2007 10:48:40] NEW YORK (AFP) Le fonds d’investissement Blackstone entre vendredi à la Bourse de New York, et cette consécration renforce des critiques grandissantes contre la richesse des fonds et leurs avantages fiscaux, aux Etats-Unis comme en Grande-Bretagne. Blackstone, l’un des trois plus gros fonds du monde, va introduire en Bourse vendredi 12,3% de son capital pour lever plus de 4 milliards de dollars. A cette occasion, l’Etat chinois, qui veut lui aussi toucher une part des impressionnants bénéfices du fonds, est convenu d’en acheter 9,7% des actions, ce qui rapportera à Blackstone 3 milliards de dollars supplémentaires. Cette introduction, la plus grosse de la Bourse de New York cette année, marque la réussite d’un fonds qui gère plus de 88 milliards de dollars et a réalisé ces derniers mois certaines des plus grosses acquisitions mondiales. Il a notamment racheté pour 39 milliards de dollars le promoteur immobilier Equity Office. Blackstone a prévu d’introduire 133 millions d’actions à un prix compris entre 29 et 31 dollars pièce, avec la possibilité de vendre 20 millions d’actions supplémentaires en cas de succès. Il pourrait donc lever en Bourse jusqu’à 4,75 milliards. Les marchés s’attendent à un succès, même si certains analystes soulignent que les fonds sont peut être arrivés au faîte de leur réussite. Les fonds d’investissement, auxquels des investisseurs institutionnels ou privés confient leurs avoirs pour les faire fructifier, sont devenus ces dernières années les plus actifs acquéreurs d’entreprises, comme en témoigne l’annonce récente du rachat de Chrysler par le fonds américain Cerberus. Ils paient généralement l’acquisition en endettant le groupe racheté, puis maximisent son bénéfice en réduisant les coûts (réductions d’effectifs, vente des branches les moins rentables…) avant de le revendre avec une plus-value. Secrets, gérés par des associés qui touchent des commissions sur les opérations, ils préfèrent souvent éviter la Bourse, qui oblige à divulguer des informations sur les bénéfices, les opérations et le salaire des dirigeants. Pourtant Blackstone a décidé d’utiliser la Bourse pour lever des fonds, comme avant lui son rival KKR, entré en Bourse en 2006, et qui a levé 5 milliards de dollars, ou encore Fortress, qui a fait une entrée triomphale en février. Le patron de Blackstone, Stephen Schwarzman, dont la presse a rapporté les dépenses extravagantes, se retrouvera à la tête d’actions valant près de 8 milliards de dollars. Mais le succès des fonds comme Blackstone, provoquent aux Etats-Unis de plus en plus de critiques, que cette entrée en Bourse exacerbe. Non seulement de la part des syndicats qui voient les fonds comme des fossoyeurs d’emplois, mais aussi de parlementaires qui veulent les taxer davantage. Le syndicat américain AFL-CIO avait adressé le 12 juin une lettre à la SEC, le régulateur boursier, critiquant “l’extraordinaire opacité” des comptes de Blackstone. Le syndicat des fonctionnaires, l’American Federation of State, County and Municipal Employees, a lui aussi dénoncé des patrons qui, selon lui, gagnent des millions et paient moins d’impôts que le travailleur américain moyen. Deux jours plus tard, deux sénateurs américains ont présenté un projet de loi pour taxer les fonds à 35%, comme les autres entreprises, alors qu’ils ne sont taxés actuellement qu’à 15%. Ils ont notamment jugé “injuste” que Blackstone soit coté sans payer les mêmes impôts que les autres groupes. La même offensive a été lancée en Grande-Bretagne, où les fonds sont taxés à 10% au lieu de 40% pour les entreprises classiques, ce qu’ont dénoncé ces derniers jours des syndicats, des élus et des personnalités de la finance. Plusieurs dirigeants de fonds, dont Blackstone et KKR, ont été auditionnés mercredi par la Commission des Finances du Parlement britannique, et le Premier ministre Tony Blair lui-même a été pris à parti sur le sujet mercredi. DAIMLERCHRYSLER KKR PEI |
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