Jeux vidéo : Infogrames part à la difficile reconquête de sa splendeur passée

 
 
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Un jeune homme teste un jeu vidéo (Photo : Robyn Beck)

[21/06/2007 16:26:53] PARIS (AFP) L’ancien fleuron français des jeux vidéo Infogrames lance un plan offensif pour retrouver le chemin de la croissance après sept années de pertes consécutives, une reconquête qui s’annonce ardue pour le tout nouveau PDG Patrick Leleu.

M. Leleu avoue lui-même ne pas viser à court terme un retour à l’équilibre, alors que le groupe a publié jeudi une perte nette, certes réduite de 31,2%, mais toujours élevée, à 103,1 millions d’euros pour l’exercice 2006/2007.

“Nous revenons de loin”, a-t-il souligné jeudi lors de la présentation des résultats annuels. Longtemps asphyxié par sa dette, qui a culminé à plus de 600 millions d’euros, Infogrames vient de mener une douloureuse restructuration.

“Ma première ambition”, a ajouté M. Leleu, “c’est de stabiliser en 2007/2008 le chiffre d’affaires” qui est ressorti en baisse de 16,5%, à 305,3 millions d’euros.

Deuxième objectif: “ramener à zéro le résultat opérationnel”, ce qui ne se fera pas “en un an”, a-t-il estimé. La perte opérationnelle courante s’est élevée à 39,3 millions d’euros sur la période, en amélioration de 28,8%.

Directeur général de Bouygues Telecom de 1994 à 2001, puis patron du câblo-opérateur Noos, avant les “soubresauts récents”, tient-il à préciser, M. Leleu se dit coutumier des situations difficiles.

Ce polytechnicien est entré au conseil d’administration d’Infogrames en début d’année comme représentant du fonds d’investissement BlueBay, aujourd’hui premier actionnaire avec bientôt 23% du capital, avant de succéder en avril au fondateur Bruno Bonnell.

Déterminé à hisser le groupe au niveau des entreprises “de taille moyenne” du secteur, M. Leleu a dévoilé un plan qui vise notamment à relancer la création, délaissée ces dernières années, tout en s’appuyant sur un réseau de distribution bien positionné en Europe.

Infogrames entend valoriser les “franchises historiques” à succès, telles que le très attendu jeu d’aventure “Alone in the dark”, et créer de nouveaux titres en partenariat avec des studios indépendants. Le budget en recherche et développement devrait notamment être augmenté de 50%.

Après les nombreuses cessions de studios l’an dernier, Infogrames ne développe plus que 30% de ses jeux en interne, dans son studio lyonnais “Eden games”, et va donc privilégier le “développement en externe”.

Un choix dont Charles-Louis Planade, analyste chez Arkeon Finance, salue la “flexibilité” et la “souplesse”. “C’est une stratégie qui vise à limiter les risques”, relève-t-il.

Le nouveau patron d’Infogrames va également poursuivre la réorganisation opérationnelle et la réduction de coûts engagées, avec en ligne de mire les activités américaines. C’est un “problème auquel il faut s’attaquer”, a-t-il reconnu sans se prononcer sur une éventuelle cession de la filiale Atari Inc., préconisée par les analystes.

Le marché du jeu vidéo, “attendu en forte croissance” (12% de moyenne), a du potentiel”, s’est-il réjoui, rappelant la montée en puissance des consoles de nouvelle génération, le développement des jeux en ligne et communautaires et l’émergence d’une clientèle plus familiale.

Mais, selon l’analyste d’Arkeon Finance, “la route est encore longue avant de bons résultats”, d’autant plus qu’il faudra affronter la compétition des autres éditeurs, le leader français Ubisoft en tête, qui promet d’être rude sur la fin de l’année.

Le titre a clôturé stable jeudi à la Bourse de Paris, à 24 centimes d’euros, très loin de son sommet historique de 55 euros atteint au temps de sa gloire en février 2000.

 21/06/2007 16:26:53 – © 2007 AFP