Le
projet Taparura à Sfax entre rêve et réalité !!! En longeant la côte
tunisienne pour visiter les grandes villes du pays on est émerveillé par les
acquis de modernité et d’infrastructure dans le grand Tunis, Nabeul,
Hammamet, Sousse, Monastir, Mahdia.. !! mais arrivé à Sfax, le choc, la
consternation. Le cadre change complètement, on entre dans une ville
défigurée abandonnée, des rues où s’accumulent des ordures de tout genre.
Une circulation anarchique et une urbanisation chaotique. Mais au fait où
est la mer ? Il y a certes un «port de plaisance» désert !!! serait-ce
plutôt un port de complaisance ?
Heureusement, il y a le projet Taparura de réhabilitation de la côte nord de
la ville de Sfax. C’est le projet du siècle !! mais de quel siècle parlons
nous ? Un projet rêvé, espéré et convoité par les Sfaxiens depuis plus de 20
ans. On désespérait de le voir un jour se réaliser. Taparura devrait
remédier à des erreurs du passé qui ont permis d’implanter une usine
chimique sur le littoral à quelques centaines de mètres de l’unique plage de
Sfax. Les dégâts sur l’environnement et sur l’homme qui ont été occasionnés
par cette usine sont énormes. Les énumérer et en discuter feraient couler
beaucoup d’encre et on pourrait écrire des livres entiers et non un article.
Ce dossier susciterait des débats douloureux et passionnés mais là n’est pas
notre propos ici. Je voudrais insister ici sur les frustrations
psychologiques de toute une génération de jeunes sfaxiens des années 60 qui
ont connu le Casino et son ambiance, la plage Viriot et le club de natation
qui ont accueilli cette jeunesse. Une plage en plein centre ville est un
luxe que les jeunes sfaxiens d’aujourd’hui n’ont jamais connu et ne
l’imaginent peut être même pas.
En effet, c’est à 30 km de Sfax, en empruntant la route de tous les risques
(GP1) qu’on peut espérer atteindre la plage de Chaffar. Faut-il encore
rappeler combien de familles de Sfax ont perdu un être cher qui a emprunté
cette route juste pour une baignade et pour tremper les pieds dans l’eau. La
génération de Sfaxiens orpheline de sa plage, se sent abandonnée et l’espoir
de revoir cette plage revivre s’amenuisait de jour en jour. Réhabiliter
cette plage est un droit pour les habitants de la région et de tous les
tunisiens en général pour lever cette injustice et un devoir pour les
décideurs qui ont pris plus de 30 ans pour rétablir la situation. Taparura
prévoit la création d’une plage artificielle mais la question reste
sera-t-elle panser les blessures et les préjudices moraux subits pendant
toutes ces années par cette population de la deuxième ville du pays.
Enfin, mieux vaut tard que jamais, oublions tout cela et pensons à l’avenir
de la jeunesse actuelle qui aurait peut être plus de chance que leur parent
de profiter d’une opportunité nouvelle. Il leur faudrait cependant patienter
encore quelques années pour voir comment leur rêve sera une réalité. Le
projet Taparura apporterait certes une plus value économique pour une ville
actuellement à l’abandon par les décideurs et par ses propres enfants qui la
fuient à la recherche d’un meilleur cadre de vie ailleurs.
Les Sfaxiens ne demandent qu’à croire à ce projet miraculeux mais ils se
posent des questions : Comment concilier entre ce projet tant attendu et
l’activité d’embarquement des phosphates et de débarquement du soufre par la
Granuphos à proximité ? Cette situation serait-elle gérable pour permettre
aux Sfaxiens de croire à la pérennité de ce projet ? Est-ce que les efforts
seront consolidés pour réhabiliter tout Sfax, la ville d’un demi million
d’habitants, cette ville mal organisée souffrant d’une infrastructure
routière indigne de sa position économique et de son rang de 2ème ville du
pays.
Jalel BOUZID ( Universitaire)
Réaction à l’article :
C’est pas de l’utopie…
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