[22/06/2007 07:03:04] LONDRES (AFP) Les fusions-acquisitions de sociétés ont battu de nouveaux records dans le monde au premier semestre, selon des chiffres publiés vendredi, une tendance alimentée notamment par la montée en puissance des fonds d’investissement, qui inquiète, et un recours croissant à la dette. Les rachats d’entreprises ont représenté 2.510 milliards de dollars sur les six premiers mois de l’année, d’après le fournisseur canadien de statistiques Thomson Financial, qui prend en compte les transactions finalisées, en cours ou simplement annoncées. Ce chiffre est en hausse de 53% par rapport au premier semestre 2006. Il a été dopé par les deux offres d’achat concurrentes lancées récemment sur la banque néerlandaise ABN Amro, par la britannique Barclays d’une part et sa concurrente Royal Bank of Scotland associée à Fortis et SCH d’autre part, pour un total de 187 milliards de dollars. Au final, au plus une seule de ces deux OPA réussira et sera comptabilisée. Mais les plus gourmands ont été les fonds d’investissement, à l’instar de l’américain Kohlberg Kravis Roberts (KKR), auteur de deux records. Associé à son homologue Texas Pacific Group et à plusieurs banques d’affaires, il a racheté aux Etats-Unis le groupe d’énergie TXU pour plus de 44 milliards de dollars, record mondial pour un fonds. En Europe, il a repris le groupe britannique de pharmacies Alliance Boots, en partenariat avec l’un des dirigeants de celui-ci, pour 22 milliards de dollars, là encore un record pour le continent. Au total, les rachats effectués par des fonds ou des banques d’affaires ont représenté 527 milliards de dollars, soit 21% du total, au premier semestre dans le monde. Cette inflation des fusions-acquisitions et la montée en puissance des prédateurs purement financiers, qui s’accompagne d’un enrichissement considérable des ténors de Wall Street et de la City, suscitent de plus en plus de critiques. La méthode d’investissement des fonds, qui implique la plupart du temps un gros endettement de l’entreprise rachetée, et leur tendance à rechercher le profit à court terme en restructurant les sociétés pour les revendre à meilleur prix, a été dénoncée par de nombreux syndicats. Mais des experts du crédit pointent aussi des dangers. “Le niveau de liquidités n’a jamais été aussi important sur les marchés financiers mondiaux”, a souligné Richard Hunter, de l’agence Fitch, dans une note publiée cette semaine. Or, selon lui, “cette liquidité est cyclique et, à un certain moment, elle va refluer”, au risque de provoquer des défauts de remboursement à la chaîne et de faire s’écrouler tout l’édifice. Le directeur général de la banque suisse UBS, Peter Wuffli, a mis en garde quant à lui contre un relâchement des critères d’octroi de prêts, conséquence du boom des rachats par endettement (LBO) et de la pression des fonds d’investissement, dans une interview au Financial Times publiée mardi. Ces avertissements contre les aléas du surendettement et le risque de bulle, récurrents depuis la fin 2006, ont trouvé un écho auprès de responsables économiques et politiques. Début juin, lors du sommet du G8, le directeur du Fonds monétaire international, Rodrigo Rato, s’est dit “inquiet” du “laisser-aller” observé, selon lui, à l’égard de plusieurs fusions géantes reposant essentiellement sur de la dette. “Il est possible que ces opérations ne soient pas finançables à long terme”, a-t-il prévenu, appelant les “autorités de régulation à être prudentes”. Mais le consensus est loin d’exister en la matière, au sein du G8 comme en Europe. Si la France et l’Allemagne, à l’instar du président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, prônent un contrôle plus étroit des fonds d’investissement et des fonds spéculatifs, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, où sont basées bon nombre de ces firmes, rechignent pour l’heure à intervenir. |
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