[22/06/2007 09:44:56] DUESSELDORF (AFP) Les nanotechnologies peuvent apporter leur (petite) pierre à une meilleure gestion de l’environnement, affirment ses partisans réunis cette semaine à Düsseldorf (Allemagne), en réponse aux critiques qui les voient conduire à une catastrophe écologique. “Les nanotechnologies peuvent vous aider à améliorer la valeur écologique de vos produits”, a lancé Peter Krüger, responsable du secteur au sein du groupe chimique allemand Bayer, lors de l’inauguration du troisième forum européen des nanotechnologies EuroNanoForum 2007 (tenu du 19 au 21 juin). La manipulation de la matière à l’échelle du nanomètre (le milliardième de mètre) va révolutionner la médecine, l’électronique ou les processus industriels. Mais ces technologies inquiètent en raison des risques de dispersion accidentelle dans la nature de composants capables, de par leur taille minuscule, de pénétrer à l’intérieur même des cellules vivantes. Risque-t-on de répéter avec les nanotechnologies les mêmes erreurs qu’avec l’amiante ? Sans ce prononcer sur ce point, deux projets de recherche à financement européen, présentés à Düsseldorf, montrent que ces technologies peuvent aider à réduire la pollution et la consommation d’énergie. Le projet Ambio vise à supprimer les peintures toxiques utilisées pour empêcher la flore et la faune marine de coloniser la coque des bateaux: l’incrustation d’algues et de mollusques peut entraîner une réduction de la vitesse de 10% et une augmentation de consommation de carburant de 40%. “L’objectif n’est pas de tuer cette vie marine, comme c’est actuellement le cas avec les peintures à base de cuivre ou d’étain, mais de l’empêcher de se fixer sur la coque”, a expliqué à la presse Frédéric Luizi, directeur de la recherche et développement de la petite société belge Nanocyl. Les 32 membres du consortium – universités et industriels – espèrent y arriver en introduisant des nanotubes de carbones dans des peintures à base de silicone, déjà naturellement anti-adhésives, pour priver les organismes marins de surfaces suffisamment plates pour pouvoir s’accrocher. “Si quand bien même ils y parvenaient, le navire à vitesse normale génèrera assez de friction pour les arracher”, selon le Dr Luizi. Les chercheurs n’ont pas trouvé à ce jour de preuve d’un risque de dispersion des nanotubes de carbone dans l’océan. “Ils présentent une haute affinité avec les peintures au silicone et en sortent difficilement. Des plaques de peintures peuvent tomber en cas de choc, mais les nanotubes ne se détachent pas individuellement”, a-t-il dit, tout en reconnaissant que des tests grandeur nature n’avaient pas encore été menés sur des navires. Une telle solution est envisageable car, depuis l’an dernier, la production mondiale de nanotubes de carbones se monte en tonnes et non plus en kilos. Le projet Membar pour sa part vise à mettre au point des filtres répliquant l’action des aquaporines, ces protéines permettant le passage de l’eau – et de l’eau seule – dans les tissus vivants. “Les techniques de purification de l’eau n’ont pas changé depuis 2, voire 3 décennies”, souligne Peter Holme Jensen, fondateur de la société Aquaporin, au centre de ce projet. Si de nombreuses populations sont encore aujourd’hui privées d’eau potable, c’est parce que les techniques actuelles sont très gourmande en énergie. L’incorporation des aquaporines – des protéines qu’on sait aujourd’hui extraire de plantes comme l’épinard – permettra de réduire de 80% la consommation d’énergie des systèmes de purification. Même si les aquaporines sont vendues au prix de l’or, les faibles quantités nécessaires – 2 milligrammes par mètre carré de membrane – devraient rendre le procédé économiquement rentable. |
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