Sommet européen/Concurrence : la France suscite méfiance et demande de clarification

 
 
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Nicolas Sarkozy à Bruxelles, le 22 juin 2007 (Photo : Patrick Kovarik)

[22/06/2007 19:01:45] BRUXELLES (AFP) La volonté de la France de faire disparaître du futur traité européen la référence à la concurrence “libre et non faussée” comme un des objectifs de l’Union européenne a provoqué vendredi une demande de clarification de la Commission européenne et la méfiance de ses partenaires.

Obtenue par Nicolas Sarkozy dans le projet d’accord de la présidence allemande de l’UE, cette rédaction a conduit la Commission européenne, gardienne des traités et gendarme de la concurrence, à lancer une mise en garde contre tout “retour en arrière sur des politiques qui sont au coeur du fonctionnement de l’UE”.

Craignant une remis en cause de la capacité de Bruxelles a faire respecter les règles de concurrence par les Etats membres et leurs entreprises, son président José Manuel Durao Barroso a négocié vendredi après-midi avec M. Sarkozy un compromis qui préserve “intégralement le concept juridique et la capacité d’agir” de Bruxelles, a indiqué une source européenne à l’AFP.

Relayant l’inquiétude manifestée par plusieurs Etats membres, le Premier ministre britannique Tony Blair avait auparavant demandé une explication de texte au nouveau président français.

“M. Sarkozy a expliqué que c’était un point dur pour lui, qu’il fallait entendre le message des peuples”, a ensuite indiqué le porte-parole de l’Elysée David Martinon, une allusion aux craintes exprimées par le “non” des électeurs français au référendum constitutionnel de mai 2005.

La France “n’est pas contre la concurrence, mais pas comme un objectif. L’objectif, c’est la prospérité, la croissance”, s’est défendu M. Martinon.

Une affirmation qui passe mal à Bruxelles, où l’on n’oublie pas que Paris, arguant souvent de la défense de ses services publics, a traîné les pieds à chaque tentative d’ouvrir un nouveau secteur à la concurrence, qu’il s’agisse de l’énergie, du courrier ou encore du fret ferroviaire.

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Le président de la Commission européenne José Manuel Durao Barroso, le 21 juin 2007 à Bruxelles (Photo : Gérard Cerles)

Le 6 juin à Luxembourg, Alain Juppé, encore numéro deux du gouvernement français, avait d’ailleurs questionné “une certaine vision de la concurrence comme l’alpha et l’omega de la politique européenne”.

Tout en ayant cédé à Paris sur la forme, comme l’a reconnu Tony Blair, Londres estime que la nouvelle rédaction ne changera rien au fond.

Les Britanniques ne sont “plus isolés dans ce domaine”, a jugé le porte-parole de M. Blair. “Bien au contraire. Il y a de nombreux pays en Europe, à commencer par les nouveaux Etats membres mais pas seulement, qui partagent notre vision de la concurrence”, a-t-il expliqué.

Ainsi le Premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany, qui accusait vendredi “plusieurs pays en Europe” de vouloir “protéger leur marché intérieur de la libre concurrence”, a affirmé que “cela constituerait clairement un recul”.

Le compromis élaboré par MM. Barroso et Sarkozy “passe par la qualification de la concurrence comme un instrument politique majeur au service des objectifs du traité, tout en préservant intégralement le concept juridique et la capacité d’agir” de la Commission européenne, a précisé la source européenne à l’AFP.

“Il n’y a pas de retrait par rapport aux traités existants”, a-t-elle affirmé, tout en admettant que la concurrence “libre et non faussée” ne ferait plus partie des “objectifs” de l’UE, comme le demandait Paris.

Dans l’entourage du président français, on précisait vendredi soir que la nouvelle rédaction du traité “ne modifie pas le fondement juridique de la politique de la concurrence en Europe” mais que c’était “très important pour nous politiquement”.

 22/06/2007 19:01:45 – © 2007 AFP