[24/06/2007 09:52:05] PARIS (AFP) Le regroupement de crédits, qui permet aux particuliers de renégocier leurs créances pour abaisser leurs mensualités, intéresse de plus en plus les grandes banques françaises en quête de revenus et constitue désormais une véritable alternative au surendettement. “C’est un métier qui a le vent en poupe”, affirme Roger Kagane, de l’Association française des intermédiaires bancaires (Afib). Eric Ghiringhelli, chargé de l’activité chez le courtier de crédits immobiliers Meilleurtaux, évoque un marché de 20 milliards d’euros d’encours, soit 40 fois plus qu’en 2003, selon l’estimation publiée alors par GE Money Bank. Le regroupement consiste pour un établissement de crédit à proposer à un particulier de racheter l’ensemble de ses crédits (immobilier et consommation) en cours pour lui proposer, in fine, un seul crédit avec une durée de remboursement souvent plus longue mais des mensualités plus faibles. Alors que ce marché était jusqu’à présent l’apanage des banques spécialisées, il est investi depuis trois ans par les grandes banques françaises, par le biais de leurs sociétés de crédit à la consommation (Cetelem, Sofinco) ou de filiales dédiées. Les banques étrangères, déjà présentes dans des pays où cette pratique est très développée, se positionnent également. Outre la recherche par les banques de relais de croissance sur un marché de la banque de détail aujourd’hui à maturité en France, l’autre facteur de développement du regroupement de créances est lié au niveau d’endettement des ménages. Son augmentation tient notamment à la flambée des prix de l’immobilier au cours des dix dernières années, associée à l’abaissement de l’âge moyen de l’accession à la propriété. Selon l’observatoire de l’endettement des ménages, 47,1% des ménages considéraient, en 2006, comme élevé ou trop élevé le niveau de leurs remboursements, contre 40,9% en 2001. Une augmentation de la charge de la dette qui s’est, entre autres, traduite par une augmentation annuelle moyenne de 6,5% du nombre de dossiers déposés auprès des commissions de surendettement entre 2002 et 2006. Dans ce contexte, la solution du regroupement de créances est bien accueillie par les associations de consommateurs. “Entre l’emprunteur et la commission de surendettement, il y a désormais un sas, une solution née de la libre concurrence”, explique Serge Maître, secrétaire général de l’Association française des usagers de banques (Afub). Selon les dossiers, le rachat de crédits peut s’appliquer à des ménages dont le niveau de remboursement atteint jusqu’à 60% de leur revenu disponible. Grâce au regroupement, ce taux peut être divisé par deux. “Vous vous remettez à flot”, explique M. Ghiringhelli. Pour lui, dans le cas où un emprunt immobilier figure parmi les crédits, “le plus important est d’éviter la vente du bien”. L’opération a néanmoins un coût, qui se situe entre 2 et 5% du total encore à rembourser. Une somme répartie presque systématiquement sur la durée du prêt plutôt que réclamée à l’obtention du nouveau crédit. Compte tenu de la complexité des dossiers, les banques utilisent le plus souvent les services de courtiers comme intermédiaires, lesquels traitent entre 60 et 70% du volume des crédits, selon M. Kagane. Marché non régulé, le regroupement de crédits n’est pas à l’abri de courtiers douteux ou mal intentionnés. “Il y a des pommes pourries, mais on fait la chasse”, explique M. Kagane. “Tous les courtiers indélicats ont disparu” du fait du mouvement de concentration que connaît ce métier, fait valoir M. Ghiringhelli. |
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