L’enclave de Kaliningrad surfe sur une vague d’investissements

 
 
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Le nouvel aéroport de Kaliningrad, le 23 juin 2007 (Photo : Igor Zarembo)

[24/06/2007 21:18:35] KALININGRAD (AFP) Des centres commerciaux clinquants et des bâtiments reconstruits avec goût changent peu à peu le visage de Kaliningrad (ex-Königsberg), enclave entre la Lituanie et la Pologne, léguée à la Russie par l’Union soviétique.

Depuis samedi, Kaliningrad est aussi dotée d’un aéroport international flambant neuf, tout un symbole pour cette ancienne région de Prusse orientale à l’histoire tourmentée.

La poussée de l’investissement dans l’enclave, décrétée zone économique spéciale en 1996 puis “région pilote” de l’intégration frontalière russo-européenne sous la présidence de Vladimir Poutine, commence à porter ses fruits.

“Le gouvernement russe veut profiter de la position de Kaliningrad” qui est située géographiquement dans l’UE et “en faire une plaque tournante vers l’Europe Occidentale”, estime Guido Herz, consul général d’Allemagne à Kaliningrad.

Capitale de la Prusse orientale jusqu’à 1945, Königsberg a été annexée par l’Union soviétique, avec une bande de terre de 170 kilomètres de long, et rebaptisée Kaliningrad à la fin de la Seconde guerre mondiale.

La ville, reconstruite à la soviétique après les combats destructeurs de 1945, s’est retrouvée coupée du territoire russe après la chute de l’URSS et l’indépendance de la Lituanie en 1991. Conséquence directe, l’économie de Kaliningrad, totalement isolée, s’est effondrée.

Mais le temps où cette région était avant tout synonyme de contrebande et de sida est révolu, grâce à l’afflux d’investissements de Moscou, explique Alexeï Ignatiev, chef de l’Agence indépendante pour le développement régional de Kaliningrad.

“L’intérêt de Moscou grandit de façon colossale (…) Et les hommes d’affaires suivent”, estime M. Ignatiev.

Les avantages fiscaux accordés à Kaliningrad stimulent l’investissement, notamment dans l’immobilier. La création d’une zone de casinos à la “Las Vegas” avec 30.000 chambres d’hôtel est à l’étude. Les travaux doivent commencer en 2008, soit des centaines de millions de dollars d’investissements à la clé.

Mais c’est le développement d’infrastructures de transport, tenant compte de la situation géographique unique de Kaliningrad, qui est au coeur de la stratégie du Kremlin.

L’un des objectifs principaux des autorités russes est de réduire la dépendance de Kaliningrad à l’égard de la Lituanie et la Pologne, pays de transit avec lesquels Moscou entretient des relations tendues.

Le nouvel aéroport, construit pour 60 millions de dollars (45 millions d’euros), connecte directement la région avec une dizaine de villes européennes, dont cinq en Allemagne.

Une nouvelle voie pour les marchandises, combinant train et ferry, relie également Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie) et Kaliningrad au nord de l’Allemagne.

Kaliningrad attire non seulement les investisseurs russes mais aussi ceux des pays étrangers qui envisagent de créer dans la région des joint-ventures pour bénéficier des avantages fiscaux.

C’est les cas des constructeurs automobiles sud-coréen KIA et allemand BMW qui peuvent profiter ici de la main d’oeuvre, de l’énergie et du terrain à des prix relativement bas et en même temps avoir un accès facile aux marchés de l’Union européenne.

Si les habitants de Kaliningrad sont pour leur part satisfaits et même un peu étonnés de voir un tel afflux d’argent dans leur région, certains restent aussi sceptiques devant l’ambition affichée d’ouvrir Kaliningrad sur l’Europe.

“Sans visa Schengen, ça ne signifie pas grand chose pour les gens”, grommelle Ievgueni Artemenko, chauffeur de taxi, dans une allusion au visa d’entrée dans certains pays de l’UE qui reste difficile à obtenir pour les ressortissants de Russie.

“Le transport, ce n’est que la moitié du problème. Tout ça, ce n’est pas pour les habitants de Kaliningrad, mais seulement pour les hommes d’affaires”, conclut-il.

 24/06/2007 21:18:35 – © 2007 AFP