Rachat d’Aer Lingus : Ryanair monte au créneau avant même le veto européen

 
 
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Le patron de la compagnie aérienne irlandaise Ryanair, Michael O’Leary, le 6 février 2007 à l’aéroport de Weeze près de Düsseldorf (Photo : Berthold Stadler)

[26/06/2007 14:05:12] BRUXELLES (AFP) Anticipant un veto européen à son projet de rachat d’Aer Lingus, l’extravagant patron de la compagnie aérienne irlandaise à bas coût Ryanair a d’ores et déjà déclaré la guerre à la Commission européenne, prévenant mardi qu’il contesterait cette décision.

Insatisfaite des concessions faites par Ryanair, la Commission devrait opposer mercredi son veto au projet d’acquisition par Ryanair de sa compatriote Aer Lingus.

“La Commission va dire que cette opération représente une fusion entre deux méga-compagnies qui dominent le marché comme Microsoft, mais désolé, ce n’est pas vrai”, s’est défendu Michael O’Leary, qui avait fait spécialement le voyage à Bruxelles pour rencontrer la presse.

“C’est la première fois qu’une fusion entre deux entreprises relativement petites est bloquée”, s’est-il indigné, rappelant que depuis 1990, “seules 20 fusions sur les 3.000 examinées par la Commission ont été interdites”, le dernier veto datant de la fin 2004.

“Que va-t-il advenir des prochaines fusions si celle-ci est bloquée?”, s’est-il interrogé, estimant que ce veto “remet en cause 20 ans de consolidation dans le secteur aérien”.

Pour l’entrepreneur, il faut agir de toute urgence: Ryanair va donc “faire appel de ce veto devant la Cour européenne de justice et chercher à le faire annuler”.

Le feuilleton Ryanair/Aer Lingus a débuté à l’automne. Déjà propriétaire de 25% de sa rivale, Ryanair avait alors lancé une offre hostile sur le capital restant, pour 1,5 milliard d’euros.

La commissaire à la Concurrence Neelie Kroes avait décidé le 20 décembre d’ouvrir une “enquête approfondie”, suspendant de fait l’offre de rachat. Elle craignait en effet “de graves problèmes de concurrence”.

“Injustifié”, répond M. O’Leary, car l’entité qui naîtrait de la fusion “représenterait moins de 5% du marché européen du transport aérien”.

En outre, relève-t-il, Ryanair et Aer Lingus détiendraient ensemble 61% de parts de marché sur l’aéroport de Dublin, alors qu’avant leur fusion, Air France et KLM détenaient, chacune respectivement, 62% à Paris Charles-De-Gaulle et 60% à Amsterdam (Schipol). Et pourtant, la fusion a été autorisée.

“La Commission dit que ce mariage entraînera des prix plus élevés, mais c’est faux. Nous réduirons les prix des billets ainsi que les taxes carburants pour les passagers”, s’est défendu le bouillant patron irlandais. Pour lui, ce veto va simplement “priver les consommateurs d’économies d’un montant de 100 millions d’euros par an”.

Pour cet homme fortuné qui entretient des relations difficiles avec le gouvernement irlandais, cette décision est purement “politique”.

Outre Aer Lingus, les seuls à avoir dénigré les concessions faites par Ryanair (tels l’échange de certains créneaux d’atterrissage et de décollage sur Dublin avec des créneaux Air France ou British Airways sur Londres-Heathrow) sont les autorités irlandaises, a dénoncé Michael O’Leary, qui affirme que toutes les autres compagnies européennes le soutiennent.

La Commission a refusé mardi de confirmer qu’elle s’apprêtait à bloquer l’opération. Elle a néanmoins vigoureusement “réfuté” tout parti pris politique.

“Michael O’Leary a tenté de s’emparer de son plus proche concurrent et il a raté son coup. Et maintenant, il se démène pour tenter en vain de déguiser cet échec”, analyse le directeur général d’Aer Lingus, Dermot Mannion.

Avec ce veto, Aer Lingus devrait être à l’abri des appétits de Ryanair pour un certain temps. En effet, Michael O’Leary attendra la décision de la justice européenne, qui pourrait prendre plusieurs années, pour déterminer s’il repart à l’assaut de sa concurrente.

 26/06/2007 14:05:12 – © 2007 AFP