Pourquoi accuse-t-on les petits commerçants de fraude ?

L’opérateur GSM Tunisiana a publié un
communiqué dans lequel il appelle ses abonnés à la vigilance au moment
d’effectuer des recharges Light.


Il n’est un secret pour personne que certains revendeurs (notamment les
épiciers et vendeurs de fruits secs) surtaxent les recharges light et
réclament des sommes supplémentaires à celles déjà déduites systématiquement
au titre de la taxe fiscale.

Ces sommes que l’opérateur appelle surtaxe, sont en fait des marges
bénéficiaires supplémentaires que ces commerçants prélèvent. Ces mêmes
petits commerces s’octroient d’ailleurs des petites marges quand ils vendent
des cigarettes plus cher que chez le débit de tabac ou des boissons gazeuses
plus cher que chez le supermarché. C’est normal puisqu’ils ont des frais de
gestion, un loyer et des investissements à amortir.

Les clients ne trouvent,
généralement, rien à redire puisque ces commerces leurs facilitent
la vie grâce à leur proximité et horaires d’ouvertures très souples, été
comme hiver. Il se trouve cependant que nos opérateurs n’apprécient pas que
ces petits commerces gagnent légèrement plus que ce qu’ils ont
prévu.


Autrement dit, l’opérateur a décidé que le petit commerce doit gagner un
pourcentage (révisé à la baisse dernièrement, rappelons le) et doit
obligatoirement s’astreindre à cette marge !
 

Or, dans une économie libéralisée, dans
un pays où l’on réclame depuis des années une liberté de prix et une saine
concurrence, pareil langage ne tient plus ! Si le petit commerçant décide
que la recharge doit être « commissionnée » de cent ou deux cents millimes
(puisque ce n’est qu’une affaire de millimes et non de dinars), c’est au
client de décider s’il achète chez lui ou non. Pourquoi faut-il que
l’opérateur décide à sa place ? Ce petit commerçant a ses frais et ses
obligations et doit amortir ses charges et son investissement et le client
comprend parfaitement cela.


Ce même client qui ne crie pas au scandale quand il voit que la bouteille de
boissons gazeuses ou le yaourt plus cher chez l’épicier que chez le
supermarché ! Pourquoi alors ce client crie-t-il au scandale quand le même
épicier réclame quelques millimes en plus pour une recharge téléphonique qui
lui prend du temps et qui nécessite un investissement (un appareil
téléphonique, un abonnement, une boutique) ? Il est à la portée de tout un
chacun de vérifier combien de temps prend une recharge pour un épicier
lorsque le réseau fonctionne normalement. Que dire lorsqu’il y a des
problèmes de réseau et quand le solde vendu n’arrive pas à bon port comme on
le voit assez souvent ?


Que l’opérateur rappelle ses prix aux clients, c’est un très bon point à son
honneur.

Qu’il accuse de fraude ces mêmes commerçants ou qu’il les menace de
sanctions, c’est à notre opinion (une opinion qui n’engage que son
rédacteur) un pas que l’on ne devrait pas franchir puisqu’il insulte toute
une profession qui nous rend de grands services au quotidien et parce que
c’est totalement contraire à la libre concurrence et à la liberté des prix.

Enfin, il est bon de rappeler que le client paie déjà largement pour ses
communications téléphoniques, il n’y a pas de raison qu’il veuille économiser quelques
millimes encore pour faire vivre ce petit commerçant qui ouvre tôt le matin
et ferme tard le soir, sept jours par semaine !