Il semble que ce soient
les Anglais qui, les premiers dans le monde, avaient créé le phénomène de la
collection de voitures, un phénomène vite devenu en ces années 50 une
passion largement partagée par les Britanniques et, ensuite, les Américains.
L’idée était née d’une
prise de conscience : les grandes maisons ayant décidé de renouveler
régulièrement leurs parcs, il était clair que certains modèles finiraient le
jour ou l’autre par disparaître complètement. On comprend dès lors
l’amertume qu’auraient ressentie les fidèles, les nostalgiques et les
jaloux. Autant donc garder son bien roulant le plus longtemps possible.
D’ailleurs, chez certaines familles, être collectionneur est devenu un legs
retransmis d’une génération à l’autre. Mais il se trouve que, malgré leur
rareté, quelques collectionneurs ne le restent pas toute leur vie : dans
leur esprit, collectionner le temps d’une génération (25 ans généralement)
c’est pour revendre au prix fort après. Mais cet esprit commercial n’est pas
très répandu.
En Tunisie, c’est à
partir des années 60 que quelques hommes d’affaires et des cadres (très)
supérieurs ont pensé garder leurs voitures pour ne plus s’en séparer. Au fil
des ans, ils se sont retrouvés, avec le cumul, dans la peau de véritables
collectionneurs avec des parcs comptant des R 4 Cv, des P 203 et autres
Citroën Traction. S’y ajoutèrent petit à petit la Jaguar, l’Austin, la
Porsche (du nom de son fabricant Ferdinand Porsche, née, elle, en 1948), la
Triumphe 1200, la Plymouth Belvédère, la Chevrolet Camara, la Ford Mustang,
la Chrysler, les Mercedes et l’indétrônable DS.
Au total, aujourd’hui,
ils sont environ une dizaine de collectionneurs dont quatre restent les plus
grands avec, pour le plus important d’entre eux, quelque 60 véhicules
anciens. Tous réunis, ils peuvent compter 400 voitures. A défaut de pouvoir
citer les quatre plus grands (d’entre eux ne sont pas connus tant ils
tiennent à l’anonymat), on est autorisé à citer M. Khaled Jellouli
(président de la Commission historique à l’Automobile club de Tunis, et
observateur à la Fédération internationale de l’Automobile) qui aligne une
collection d’une quinzaine de voitures dont une Porsche (qui coûtait en 1948
environ 2 400 dollars et est aujourd’hui à 88 000 euros), une R 4 Cv, une
Fiat 500 et autres petites cylindrées. On peut citer aussi M. Mustapha
Sayari venu exposer une P 203 Limousine à six places et datant de 1953, une
R 4 Cv de 1961, et une Mercedes Benz 114 datant de 1974.