Le chômage, aux contours toujours plus flous, devrait encore baisser en 2007

 
 
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Des jeunes consultent les annonces de l’ANPE, le 17 mai 2006 à Caen (Photo : Mychèle Daniau)

[29/06/2007 14:55:34] PARIS (AFP) Le chômage devrait continuer à baisser en France dans les prochains mois sous l’effet des créations d’emplois et des nombreux départs en retraite, mais l’ampleur du reflux reste contestée et le baromètre officiel est jugé de plus en plus décalé par rapport à la réalité du marché de l’emploi.

La ministre de l’Economie et de l’Emploi Christine Lagarde a souligné vendredi que le passage sous le cap des deux millions de demandeurs d’emplois en mai, avec un taux au plus bas depuis environ 25 ans, à 8,1%, était le résultat d'”un mouvement continu” entamé en 2005 et appelé à se poursuivre.

Malgré “l’évolution vertueuse” du chômage, l’économiste Alexander Law de la société Xerfi a estimé vendredi qu’il n’était “toujours pas possible de se satisfaire de ces résultats”, car “la France est l’une des lanternes rouges européennes” alors que “les solutions existent, d’inspiration scandinave ou anglo-saxonne”.

Nicolas Sarkozy, qui trouve le chômage “encore trop haut” et qui vise un taux ramené à 5% en cinq ans, a affirmé vendredi qu'”il n’y a(vait) aucune raison que les autres pays réussissent et nous non”.

Tout en jugeant que le taux de chômage avoisinerait 8,5% en réalité en mai, “niveau le plus bas depuis le deuxième trimestre 1983”, Mathieu Kaiser, économiste chez BNP Paribas, a tablé sur la poursuite du recul “dans les prochains mois, les créations d’emplois ayant accéléré depuis début 2007 et les départs en retraite anticipés se poursuivant à un rythme soutenu”.

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Le taux de chômage en France en mai

Les familles restent néanmoins circonspectes sur l’évolution du chômage dans les 12 prochains mois, selon l’enquête de juin de l’Insee sur le moral des ménages.

L’ampleur du recul demeure incertaine.

L’Insee table sur une baisse du chômage en 2007, mais ne se risque pas dans sa note de conjoncture de juin, contrairement à l’habitude, à en évaluer l’ampleur dans l’attente des résultats de son enquête Emploi repoussés de mars à septembre. Or l’écart entre les données Insee et ANPE se serait encore creusé au premier trimestre.

La polémique sur les chiffres du chômage persiste donc, face aux “exclus” des listes de l’ANPE et à la montée de la précarité.

“Les chiffres officiels du chômage ne sont plus des indicateurs fiables”, a déclaré vendredi Bernard Thibault (CGT), évaluant à “cinq millions le nombre de personnes au chômage ou en sous-emploi” et pointant la hausse des radiations de chômeurs sur les listes de l’ANPE et des dispenses de recherche d’emploi pour les seniors.

Il a aussi souligné “une explosion de la précarité et de l’instabilité de l’emploi”.

Jean-Claude Mailly (FO) a également critiqué jeudi “la qualité” des emplois créés, “précaires, voire très précaires”.

De son côté, le collectif de statisticiens et de syndicalistes Les Autres Chiffres du Chômage a estimé que “le taux de chômage officiel de 8,1% sous-estime la réalité, qui se situerait à 9%”. Mais, a-t-il martelé, “le débat ne peut plus se focaliser sur un seul indicateur, fût-il calculé correctement: la diversification croissante des formes d’insécurité sur le marché du travail oblige à compléter la mesure”.

ACDC a aussi souhaité que la mission décidée par le gouvernement sur les statistiques du chômage “ne cherche pas à clore prématurément” ce débat.

Pour Mathieu Kaiser, “au-delà des facteurs techniques (voire politiques), la fragilité actuelle des données de chômage témoigne de la porosité croissante des frontières entre inactivité et activité d’une part, entre chômage et emploi d’autre part”, avec notamment l’essor du temps partiel et de l’intérim.

 29/06/2007 14:55:34 – © 2007 AFP