Informatique : l’Indien Infosys pourrait s’offrir le français Capgemini

 
 
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Le fondateur d’Infosys Technologies Narayana Murthy (c) et son équipe salue le coup de cloche du Nasdaq au siège du groupe à Mysore, le 31 juillet 2006

[29/06/2007 19:52:16] BANGALORE (AFP) Le géant indien des logiciels Infosys veut acheter le groupe français de services informatiques Capgemini, affirme vendredi la presse locale, des “spéculations” selon l’indien, mais peut-être un nouvel exemple de l’appétit des entreprises du sous-continent en Occident.

Infosys Technologies, basé à Bangalore (sud), puiserait dans ses 1,5 milliard de dollars de trésor de guerre pour financer cet achat, ont annoncé en une The Times of India et The Economic Times of India, citant des sources industrielles.

“Je ne peux pas commenter des rumeurs”, a répondu le PDG d’Infosys, Kris Gopalakrishnan. “La nature des rumeurs est telle que certaines sont vraies, certaines sont fausses”, a-t-il ajouté, mais sans les démentir. De son côté, Capgemini s’est refusé à tout commentaire.

L’information a été bien accueillie à la Bourse de Bombay, l’action Infosys gagnant 2,5% à l’ouverture, puis 0,17% à la clôture. A Paris, Capgemini prenait 2,70% à l’ouverture, après avoir bondi de 4,61% jeudi.

Infosys a été créé il y a 25 ans par sept hommes d’affaires avec un investissement de 250 dollars. Véritable “success story”, qui a fait la renommée mondiale de l’Inde dans l’informatique, il emploie maintenant 72.241 personnes.

Cotée au Nasdaq de New York, la société a dégagé un bénéfice net 2006/2007 de 899 millions de dollars en hausse de 56% sur un an, profitant à plein de l’explosion des délocalisations informatiques. Le chiffre d’affaires a gonflé de 46% à 3,1 mds USD.

Capgemini est “trop gros” pour Infosys, a souligné un courtier de BRICS Securities à Bombay. Le chiffre d’affaires annuel du français est de 10,35 mds USD. Mais “Infosys doperait ses affaires en Europe en rachetant Capgemini”, a-t-il souligné.

L’achat de Capgemini “augmenterait de façon significative la crédibilité, la renommée et les revenus” d’Infosys, a renchéri dans le Times of India un analyste.

Dans le même temps, le géant français des services et conseil en informatique Capgemini a décidé de faire de l’Inde son premier bassin d’emplois avec 40.000 ingénieurs locaux en 2010, sur les 100.000 dans le monde à cette date.

La société fondée en 1967 à Grenoble – devenue l’un des premiers groupes mondiaux dans la gestion informatique à distance avec 75.000 salariés dans une trentaine de pays – emploie plus de 13.000 Indiens, à Bombay et dans la “cité high-tech” concurrente de Bangalore, Hyderabad. Fin 2002, seuls 400 informaticiens du géant asiatique travaillaient chez Capgemini.

Le secteur de l’informatique est en croissance exponentielle en Inde, malgré une forte hausse des salaires et une appréciation de la roupie qui pèse sur les exportations de services vers les Etats-Unis.

Le secteur emploie 1,5 million de personnes et son chiffre d’affaires devrait être de 48 milliards de dollars pour 2006/2007 (achevée fin mars), dix fois plus qu’il y a dix ans, selon l’association professionnelle NASSCOM.

Cette éventuelle opération interviendrait alors que, depuis un an, les entreprises indiennes sont lancées sans complexe à l’assaut de groupes occidentaux.

Elles ont dépensé en 2006 le montant record de 23 milliards de dollars pour avaler des concurrents étrangers, cinq fois plus qu’en 2005.

L’achat le plus spectaculaire reste celui en janvier du sidérurgiste anglo-néerlandais Corus par Tata Steel, pour 10,6 milliards d’euros, la plus grosse opération internationale jamais réalisée par un groupe indien.

Le milliardaire Vijay Mallya et son groupe United Breweries s’est payé en avril le distillateur de scotch écossais Whyte and Mackay pour 869 millions d’euros. En 2007, les investissements à l’international de sociétés indiennes devraient dépasser ceux des étrangers en Inde.

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 29/06/2007 19:52:16 – © 2007 AFP