Les présidents du Mercosur unis contre la menace de “dissolution”

 
 
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De gauche à droite, les chefs des Etats chilien, bolivien, argentin, paraguayen, brésilien, uruguayen et équatorien lors de l’ouverture du sommet du Mercosur à Asuncion le 29 juin 2007 (Photo : Daniel Caselli)

[29/06/2007 19:14:03] ASUNCION (AFP) Les chefs d’Etat du Mercosur, réunis vendredi en sommet à Asuncion au Paraguay, ont affiché leur volonté d’enrayer la menace de “dissolution” qui pèse sur le marché commun sud-américain, miné par les inégalités régionales et l’adhésion controversée du Venezuela d’Hugo Chavez.

Le tonitruant dirigeant vénézuélien, en tournée internationale, a boudé la rencontre, alors que ses tentatives de transformer le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) en puissance anti-libérale hostile aux Etats-Unis compliquent la ratification de son processus d’adhésion.

Dans son discours d’inauguration, le président paraguayen, Nicanor Duarte a conjuré ses pairs à garder la “foi en l’intégration”, affirmant qu’une “dissolution du Mercosur serait un échec et un retour en arrière.

L’hôte du sommet a rassemblé durant trois heures dans un grand hôtel ses homologues argentin Nestor Kirchner, brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, uruguayen Tabaré Vazquez et les dirigeants des pays associés au bloc, Evo Morales (Bolivie), Michelle Bachelet (Chili) et Rafael Correa (Equateur).

Appelant à “réduire les différences économiques” entre les pays, M. Duarte a aussi plaidé en faveur d’un “Mercosur social” qui “réduise la pauvreté”, “élimine le chômage” et “éradique l’exclusion”.

Le président argentin Nestor Kirchner a réclamé une “solidarité énergétique” dans un contexte de tensions sur l’approvisionnement faute d’investissements suffisants.

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Manifestation en marge du sommet du Mercosur à Asucion le 29 juin 2007 (Photo : Norberto Duarte)

De son côté, tout en reconnaissant que le Mercosur “n’est pas encore ce dont nous rêvons”, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a estimé que l’organisation, “facteur de paix et de stabilité dans la région”, devait “se “renforcer comme interlocuteur international”.

Ultime intervenant, le vice-président du Venezuela Jorge Rodriguez a dénoncé les “obstacles” et les “manipulations” visant M. Chavez, dont l’absence surprise a alimenté l’ambiance de crise autour du Mercosur.

“Notre présence ici obéit à la volonté inébranlable que le gouvernement du président Chavez a toujours démontré dans la recherche de l’intégration”, a clamé M. Rodriguez.

Le représentant vénézuélien s’est réjoui que le Mercosur soutienne le projet de Caracas de fonder une “Banque du Sud”, un organisme aux contours encore imprécis, destiné à contrebalancer le poids du Fonds monétaire international (FMI).

“Une intégration qui ne prend pas en compte la lutte contre la pauvreté, l’indépendance et la souveraineté (…) restera lettre morte, du temps perdu”, a insisté M. Rodriguez.

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Hugo Chavez à Moscou le 29 juin 2007 (Photo : Natalia Kolesnikova)

Insatisfaits pour leur part des bénéfices apportés par le Mercosur, l’Uruguay et dans une moindre mesure le Paraguay réclament une plus grande liberté pour négocier des accords de préférence commerciale pour leurs pays en dehors du bloc, avec les Etats-Unis notamment.

Le sommet a été marqué en coulisse par une passe d’armes entre le Venezuela et le Brésil qui a réclamé un “geste” à Chavez pour apaiser les sénateurs brésiliens, traités par lui de “perroquets de Washington” pour avoir critiqué l’arrêt d’une chaîne de télévision d’opposition à Caracas.

L’adhésion du Venezuela au Mercosur doit encore être ratifiée par les Parlements du Brésil et du Paraguay.

Opposées au “modèle mercantile” du Mercosur, plusieurs organisations sociales, indigènes et paysannes, ont tenu un contre-sommet des “Peuples du Sud”, en faisant marcher des centaines de personnes.

Composé notamment de jeunes militants de gauche, certains déguisés en clown, le cortège a défilé pacifiquement, derrière une banderole réclamant la “souveraineté” en Amérique latine.

De légers heurts se sont produits avec les forces de l’ordre qui ont empêché les manifestant d’atteindre le siège du sommet du Mercosur mais les policiers n’ont procédé à aucune interpellation.

 29/06/2007 19:14:03 – © 2007 AFP