Bananes : Washington saisit l’OMC sur le régime d’importations de l’UE

 
 
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Le siège de l’OMC à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

[29/06/2007 20:51:11] WASHINGTON (AFP) Les Etats-Unis se sont lancés à leur tour dans la “guerre de la banane” en saisissant l’OMC sur le régime d’importations de l’Union européenne, jugé discriminatoire par les producteurs latino-américains.

Les Etats-Unis ont demandé à un groupe d’experts de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) “d’examiner si le régime d’importations de bananes de l’UE ne viole pas les obligations” prises il y a plus de dix ans envers l’organisation multilatérale, ont indiqué vendredi les services de la Représentante américaine au Commerce (USTR).

Au centre du débat se trouvent les droits de douanes imposés depuis le 1er janvier 2006 par l’Union européenne à ses importations de bananes, que les producteurs de pays d’Amérique latine jugent discriminatoires.

En effet d’un côté les pays de la zone Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP), qui sont pour la plupart d’anciennes colonies européennes, bénéficient d’un accès sans droit de douane au marché européen, dans la limite de certains quotas.

Les pays latino-américains, pour leur part, se voient imposer des droits de douanes de 176 euros par tonne — ce qu’ils dénoncent.

“Nous regrettons que les efforts entre l’Union européenne et ses partenaires commerciaux d’Amérique latine pour négocier une solution sur le dossier de la banane aient échoué”, a indiqué la Représentante du Commerce, Susan Schwab.

“Nous partageons les inquiétudes de l’Equateur et de plusieurs autres exportateurs latino-américains de bananes en ce qui concerne la persistance de tarifs douaniers discriminatoires dans le régime actuel d’importations de bananes de l’UE”, a-t-elle ajouté.

Avec cette plainte, Washington a emboîté le pas à l’Equateur, qui avait relancé la “guerre de la banane” en portant plainte à l’OMC contre l’Union européenne en novembre dernier. La Colombie avait à son tour porté plainte en mars à l’OMC.

Les bananes d’Amérique latine représentent les quatre cinquièmes des importations européennes.

Ce différend commercial et l’entrée en lice de Washington rappelle la “guerre de la banane” qui avait opposé les Etats-Unis et l’UE dans les années 1990.

En 1999, les Etats-Unis avaient été autorisés par l’OMC à appliquer des sanctions sur des produits de pays de l’Union européenne, en réparation du préjudice subi du fait du régime européen d’importation de bananes.

La démarche américaine intervient également dans un contexte de tensions des relations internationales sur le commerce mondial, après l’échec des dernières discussions sur le cycle de Doha.

Le 21 juin en Allemagne, les quatre grands acteurs de l’OMC (Brésil, Etats-Unis, Inde, UE) s’étaient déchirés autour de la libéralisation des échanges mondiaux, mettant en péril cinq années et demie de négociations marquées par un différend Nord-Sud sur l’agriculture.

Les difficultés du cycle de Doha s’accompagnent, pour les Etats-Unis, d’une problématique délicate sur le front intérieure, puisque le président George W. Bush verra expirer samedi son mandat spécial de négociations commerciales.

Ce mandat le prive d’un outil précieux –et pratique– car il lui permettait de faire voter au Congrès des accords commerciaux, sans amendements possible.

L’administation a lancé des initiatives tous azimuts ces derniers jours pour obtenir du Congrès démocrate la prolongation de ce mandat, et pour boucler avant la date butoir les accords déjà conclus avec différents pays (Corée du Sud, Panama, Pérou et Colombie).

 29/06/2007 20:51:11 – © 2007 AFP