Le port d’Anvers, vaste supermarché de l’UE, traque les denrées à risque

 
 
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Vue du port d’Anvers le 8 décembre 2006 (Photo : Michel Wiegandt)

[30/06/2007 10:17:28] ANVERS (AFP) Dans le port belge d’Anvers, porte d’entrée de l’Europe où transitent chaque année 160 millions de tonnes de marchandises, les agents des douanes traquent les denrées alimentaires à risque avant leur dissémination à travers l’UE.

Au chapitre des menaces les plus fréquentes dissimulées dans les aliments: mycotoxines cancérigènes proliférant sur certaines moisissures, hautes doses de plomb ou de mercure, résidus d’antibiotiques, de pesticides ou de colorants interdits…

Reste qu’un véritable contrôle des 7 à 8 millions de containers débarqués chaque année dans ce gigantesque supermarché -deuxième port européen après Rotterdam et quatrième port mondial- serait une mission titanesque. Douanes et services sanitaires doivent se contenter de contrôles modestes, mais souvent très ciblés en fonction de l’origine des marchandises, du port de départ, du vendeur, ou d’alertes fournies.

Dans un discret hangar du port d’Anvers, on contrôle jusqu’à 100 containers par jour contenant uniquement des denrées alimentaires.

Sur une palette, cinquante cartons de sauce de poisson thaïlandaise non autorisés attendent de connaître leur sort.

Deux camions frigorifiques, chargés de crevettes congelées d’Inde et de Malaisie tout juste débarquées d’un bateau, se garent, le temps d’ouvrir quelques caisses au hasard et d’examiner les autorisations.

“L’odeur parfois suffit et on n’a pas besoin de faire des tests plus poussés”, explique un inspecteur en blouse blanche, en enfournant une petite tranche de crevettes congelées au micro-ondes. “Quand les protéines sont détériorées elles dégagent une odeur d’ammoniac”, précise-t-il. Dans le doute, des prélèvements sont réalisés pour des études plus détaillées en laboratoire.

C’est dans ce hangar que les contrôleurs ont intercepté en provenance de Chine des cuisses de chiens enfouies au milieu de paquet d’haricots surgelés, ou encore de la viande pour animaux dissimulée dans du riz.

Ils doivent par exemple contrôler au minimum la moitié des containers de crevettes, de volaille et de lait, 100% des cargaisons de pistaches d’Iran, 20% des camions de cacahuètes de Chine, etc.

Il existe 320 postes frontaliers d’inspection vétérinaire de ce type dans l’UE, dont une partie dans des grands aéroports.

“Pour que le système soit efficace, il faut surtout une bonne collaboration entre Etats membres”, précise Gil Houins, responsable de l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire en Belgique.

Un système d’alerte européen permet notamment aux 27 d’échanger rapidement des informations en cas de risque pour la santé dans la chaîne alimentaire.

L’an dernier, 3.000 notifications y ont transité, dont deux tiers pour des produits encore non commercialisés, selon le rapport 2006 publié cette semaine.

A Anvers, des camions sont également sélectionnés à quai, direction un scanner ultrapuissant, outil de détection implacable pour toute présence suspecte dans un container.

Après les attentats du 11 septembre, le gouvernement américain avait insisté pour une sécurisation maximale de tous les ports. Le scanner peut repérer des aliments ou animaux passant en fraude, mais aussi de la drogue, des armes ou des objets radioactifs.

Robert Balemans, agent des douanes, exhibe sur son écran informatique sa plus belle prise, dont la structure se révèle en noir et blanc: une cadillac remplie de sacs. Une fouille a révélé des sachets d’exctasy. “C’était suspect dès le départ, ce bijou de voiture américaine partant de Belgique pour les Etats-Unis”, raconte-t-il satisfait de son flair.

Autres prises: cigarettes cachées dans un camion de chaussures, de l’héroïne tassée dans des sièges de toilettes ou encore de la cocaïne au milieu de boites de cocktail de fruits.

 30/06/2007 10:17:28 – © 2007 AFP