Airbus et EADS : l’Allemagne est prête à payer plus pour défendre ses intérêts

 
 
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Le site Airbus de Finkenwerder, le 27 mars 2007 à Hambourg (Photo : David Hecker)

[02/07/2007 10:28:04] FRANCFORT (AFP) L’Allemagne est prête à investir davantage dans Airbus et EADS afin de défendre les usines allemandes de l’avionneur européen et préserver l’équilibre franco-allemand au sein de sa maison mère, a-t-on appris lundi de sources proches du gouvernement.

“Nous étudions (…) avec quels instruments financiers nous pourrions soutenir EADS/Airbus (entre autres en ce qui concerne le développement de l’A350 XWB) afin de préserver les intérêts de nos implantations industrielles et l’équilibre germano-français”, indique, selon ces sources, le ministère des Finances dans son budget 2008, et ses projets jusqu’en 2011 qui doivent être entérinés par le gouvernement mercredi.

Berlin n’a pas encore pris en compte dans son projet de budget 2008 le soutien financier qu’il apportera au long courrier d’Airbus, l’A350 XWB (extra wide body), dont la mise en service est programmé pour 2013.

Comme pour l’avion géant A380, Berlin veut participer aux coûts de développement de l’A350, estimé à plus de 10 milliards d’euros, par le biais d’avances remboursables.

“Un tel pas est essentiel pour (…) préserver des conditions de concurrence comparable” d’Airbus face à son rival Boeing, selon le texte du budget qui fait référence à l’éternelle querelle entre Européens et Américains sur le soutien à leur industrie aéronautique respective.

Les Etats-Unis dénoncent les aides au lancement dont Airbus bénéficie de la part d’Etats européens. Bruxelles demande de son côté à l’Organisation mondiale du Commerce de condamner différentes aides à Boeing versées par des Etats américains, le Pentagone et la Nasa.

Berlin veut investir entre 2008 et 2011 en tout 352 millions d’euros pour son industrie aéronautique, soit 80 millions de plus que dans les plans précédents.

Les retards de production de l’A380 ont plongé Airbus l’an passé dans une crise sans précédent et attisé les rivalités entre Allemands et Français, à la fois sur le fardeau que doit porter chaque pays pour redresser l’avionneur -le plan de restructuration Power8 prévoit la suppression de 10.000 emplois chez Airbus- et sur l’équilibre des forces au sein d’EADS.

Le capital du groupe est réparti entre actionnaires français et allemands, privés et publics, avec d’un côté Lagardère (en train de passer de 15% à 7,5%) et l’Etat français (15%), de l’autre DaimlerChrysler (15%) et un consortium d’investisseurs (7,5%) incluant des Länder allemands.

Les deux groupes privés détiennent le pouvoir de décision, et l’exercent au sein d’une présidence bicéphale du conseil d’administration. Ce fonctionnement a fait l’objet récemment d’un rapport critique du Sénat français.

La chancelière allemande Angela Merkel a assuré la semaine dernière que Paris et Berlin ont des “objectifs communs” pour EADS et a nié l’existence de “disputes” entre les deux pays à ce sujet.

Mme Merkel et le président français Nicolas Sarkozy doivent se retrouver le 16 juillet au siège d’Airbus à Toulouse, pour discuter en particulier d’EADS.

 02/07/2007 10:28:04 – © 2007 AFP