[03/07/2007 17:00:22] LONDRES (AFP) L’euro s’est hissé à portée de son record historique et la livre à des plus hauts depuis 26 ans mardi face au dollar, qui pâtit des inquiétudes concernant le marché immobilier américain et de la remontée des taux d’intérêt en Europe. La devise européenne a touché lundi 1,3638 dollar, et s’est maintenue mardi à courte distance de ce prix, et de son record historique du 27 avril, à 1,3682 USD. Dans le même temps, la livre sterling a atteint des niveaux plus vus depuis 1981, culminant à 2,0197 dollars. La faiblesse du dollar s’explique entre autres par la stagnation attendue du taux directeur de la Réserve fédérale américaine, établi à 5,25% depuis un an. La prolongation du statu quo devrait voir le différentiel de rendement entre le dollar et les devises concurrentes continuer d’évoluer en défaveur du billet vert. Encouragée par la bonne tenue de l’économie, et conformément à son objectif de maîtrise de l’inflation, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé son taux directeur à huit reprises depuis décembre 2005, le portant à 4%. Si, comme les marchés s’y attendent, celui-ci atteint 4,50% fin 2007, l’écart de rendement favorable au dollar ne sera plus que de 75 points de pourcentage, contre 2,25 en décembre 2005. Le resserrement de cet écart rend les investissements en dollars relativement moins avantageux, et détournent partiellement les investisseurs du billet vert. Pour ce qui est de la livre, les taux britanniques ont dépassé les taux américains en mai, et devraient grimper à 5,75% jeudi, puis 6% avant la fin de l’année. Investir aux Etats-Unis est d’autant moins recherché que les économistes observent avec inquiétude le retournement du marché immobilier dans le pays, spectaculairement mis en lumière par la crise des prêts hypothécaires à risque. Ils craignent une crise généralisée du crédit, inquiétante dans un pays massivement financé par l’étranger. Le dernier pic de l’euro, qui par ailleurs bat régulièrement des records face au yen, n’a pas manqué de faire réagir le président français Nicolas Sarkozy. Il s’est de nouveau plaint lundi soir d’une devise “surévaluée”, en rendant implicitement responsable la politique de taux élevés de la BCE. “Je n’accepte pas cette politique parce que regardez ce que font les Américains avec le dollar, les Chinois avec le yuan, les Japonais avec le yen”, a-t-il affirmé, jugeant que ces pays maintiennent à dessein leurs monnaies à un bas niveau pour encourager leur croissance. La plupart des économistes rétorquent toutefois que si la Chine contrôle l’évolution de sa monnaie, ce n’est pas le cas du billet vert ou du yen dont le niveau est librement fixé par les marchés. “La position populiste de M. Sarkozy est connue sur le marché, et elle n’a aucune crédibilité et aucun impact”, estime Hans Redeker, économiste chez BNP Paribas. “Si M. Sarkozy juge que le resserrement monétaire en cours est injustifié, il devrait proposer que la BCE se fixe comme objectif d’inflation non pas 2%, mais 4%. On verrait alors ce qu’il répond aux retraités dont les traitements seraient entamés par l’inflation”, avance-t-il. “Les exportations en zone euro ont augmenté de 9,1% sur un an en avril, un rythme très robuste. Pour l’heure, il ne semble pas que la force de l’euro affecte la performance des exportations”, soulignent les économistes de Capital Economics. “Il est peu probable que les idées protectionnistes de M. Sarkozy soient bien reçues par les autres dirigeants européens”, ajoutent-ils. Cette interprétation est partagée non seulement par la BCE, mais aussi par la Commission européenne, qui a estimé mardi que la hausse de l’euro depuis 2001 n’avait eu qu’un “faible impact” sur les exportations de la zone euro. Le yuan chinois a grimpé jusqu’à 7,5930 yuans pour un dollar, un plus haut depuis sa réévaluation de juillet 2005. Sur le London Bullion Market, l’once d’or valait 654,25 dollars mardi au fixing du soir, contre 654,75 dollars lundi soir. |
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