UE : la réforme du secteur vin fraîchement accueillie par les viticulteurs

 
 
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La commissaire européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel, lors d’une conférence de presse, le 4 juillet 2007 (Photo : Gérard Cerles)

[04/07/2007 17:34:47] BRUXELLES (AFP) Après un an de négociations, la Commission européenne a présenté mercredi son projet de réforme du secteur vinicole de l’UE, vigoureusement critiqué par les puissantes organisations de viticulteurs mais salué par les industriels et les négociants.

L’enjeu de cette réforme est de faire évoluer le modèle viticole européen, majoritairement artisanal et trop souvent dépendant de subventions selon Bruxelles, vers un modèle plus industriel et plus compétitif face à la concurrence des vins du Nouveau Monde (Californie, Australie…) qui gagnent des parts de marchés depuis 20 ans.

“Une profonde réforme est cruciale” pour l’avenir de la viticulture européenne, même si elle est “difficile”, a affirmé la commissaire à l’Agriculture Mariann Fischer Boel, lors d’une conférence de presse.

“L’Europe reste numéro un mondial pour la production et l’exportation de vins, mais cela ne doit pas cacher que nous perdons des parts de marché”, a-t-elle expliqué.

Bruxelles veut d’abord mettre fin à la surproduction chronique de vin dans l’UE, en permettant aux producteurs non-compétitifs d’arracher jusqu’à 200.000 hectares de vignes sur 5 ans, en échange de 1,2 milliard d’euros de compensation.

Le système de “distillation de crise”, qui permet de transformer les stocks de vins invendus en alcool de bouche pour l’industrie des spiritueux, serait supprimé, avec à la clé une économie de 500 millions d’euros par an pour le budget communautaire.

Pour le volet offensif de la réforme, les règles d’étiquetage et les pratiques oenologiques seraient simplifiées, pour lutter à armes égales avec les producteurs du Nouveau Monde. Un budget de promotion mondial de 120 millions d’euros serait débloqué.

Enfin, à partir de 2014, les droits de plantation de vignes seraient libéralisés, alors qu’ils sont à présent strictement réglementés, pour que les viticulteurs compétitifs puissent augmenter leur production.

Les organisations de viticulteurs européens, très écoutées dans les grands pays producteurs que sont la France, l’Italie et l’Espagne, ont vivement critiqué ces propositions de réforme.

“La réforme que propose la Commission veut introduire dans l’UE le modèle viti-vinicole industriel du Nouveau Monde et faire disparaître le modèle artisanal européen séculaire”, a déclaré Jean-Louis Piton, responsable du groupe Vin du Copa-Cogeca, première fédération européenne de syndicats agricoles.

Les représentants français, italien, espagnol et portugais des vins de qualité bénéficiant d’une appellation contrôlée ont aussi dénoncé une proposition “inacceptable”, qui risque de “déstabiliser” les producteurs et de nuire à la qualité.

Le “Comité vins”, qui représente l’industrie du vin et les négociants, a en revanche soutenu la réforme qui selon lui facilitera “l’adaptation des productions, en quantité et en qualité, pour répondre aux attentes du marché”.

Enfin les eurodéputés, qui ont eu la primeur de la présentation des propositions de Mme Fischer Boel, lui ont réservé un accueil mitigé.

“La Commission a pris en compte les observations du Parlement et amélioré ses propositions, mais il reste de nombreux problèmes à régler”, a déclaré la socialiste Katerina Batzeli, rapporteur sur cette question.

Les propositions de la Commission doivent être encore longuement débattues, Bruxelles espérant une entrée en vigueur de la réforme pour la campagne 2008/09. Les ministres de l’Agriculture des 27 vont commencer à en discuter lors de leur prochaine réunion le 16 juillet.

D’après leurs récentes déclarations et selon des sources européennes, ils devraient accepter le plan d’arrachage et la fin de la distillation en échange de mesures nationales de gestion de crise plus limitées.

En revanche, les principaux producteurs -France, Italie, Espagne mais aussi Allemagne et Portugal – s’opposent à l’interdiction de la chaptalisation (l’ajout de sucre pour augmenter le taux d’alcool) et la disparition des aides au moût (le marc de raisin pressé utilisé comme sucre), demandées par Bruxelles.

 04/07/2007 17:34:47 – © 2007 AFP