[05/07/2007 18:39:09] PARIS (AFP) La France va au devant de frictions avec ses partenaires européens en demandant plus de temps pour réduire sa dette et son déficit et en prônant un renforcement du rôle des gouvernements de la zone euro face à la BCE. Exceptionnellement, le président français Nicolas Sarkozy assistera à la réunion lundi à Bruxelles de l’Eurogroupe, qui réunit les ministres des Finances des treize pays de la zone euro. Il entend y présenter l’orientation budgétaire de son gouvernement, qui fait déjà grincer des dents à Bruxelles et à Berlin. Alors que les pays de la zone euro se sont engagés à équilibrer leurs comptes publics d’ici à 2010, le Premier ministre François Fillon a confirmé mardi le report à 2012 du retour prévu à “l’équilibre” du budget. Son entourage a précisé que le gouvernement misait dorénavant sur un déficit public de 2,5% du PIB en 2008 comme en 2007, alors que le précédent gouvernement s’était engagé à le réduire à 1,8%. Le gouvernement donne en effet la priorité à un programme de relance fondé sur des baisses d’impôts et des réductions de cotisations patronales qui coûtera, selon lui, jusqu’à 13 milliards d’euros par an à partir de 2009. Le ministre des Finances allemand Peer Steinbrück a déjà averti qu’il y “aurait un problème” si la France reportait l’assainissement de ses finances. “Il faut profiter de la croissance pour progresser vers l’objectif de l’équilibre budgétaire avec une réduction du déficit d’au moins 0,5% de PIB par an”, a renchéri Amelia Torres, porte-parole du commissaire aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia. M. Sarkozy devrait aussi tenter de convaincre ses partenaires de donner plus de poids politique à l’Eurogroupe, afin de contrebalancer les pouvoirs de la Banque centrale européenne (BCE), notamment sur le front des changes, même s’il semble avoir renoncé à l’idée, difficilement applicable, de réformer les statuts de cette institution. “Il est bon, dans cette Europe à vingt-sept, que la zone euro acquière une identité politique”, a souligné le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes français Jean-Pierre Jouyet, dans un entretien paru jeudi dans le quotidien La Tribune. Il a plaidé, comme le fait régulièrement M. Sarkozy, pour plus de “visibilité de l’Eurogroupe”, un renforcement des “prérogatives de son président”, et un dialogue plus soutenu avec la BCE “sur la manière dont sont articulées la politique monétaire et la politique budgétaire”. “Une réunion informelle des chefs d’État et de gouvernement de la zone euro y contribuerait”, a-t-il estimé. Autant d’idées de nature à irriter la BCE, très jalouse de ses prérogatives. M. Sarkozy a fait de la BCE l’un des boucs émissaires de sa campagne présidentielle, lui reprochant de se soucier exclusivement de la lutte contre l’inflation aux dépens du pouvoir d’achat et de la compétitivité industrielle en Europe, minés selon lui par un euro trop fort. Sur ce dossier également, il devra faire face à l’Allemagne, férocement attachée à l’indépendance de la Banque, d’autant plus que les exportations florissantes de ce pays ne souffrent nullement des niveaux records de l’euro. Pour contrer de nouvelles attaques françaises, le président de la BCE Jean-Claude Trichet a affirmé jeudi qu’il “y a un consensus mondial” sur le fait que “les banques centrales doivent avoir comme premier mandat celui de la stabilité des prix”. Avant de s’inquiéter d’une tendance “dans un certain nombre de pays (envers) un relâchement concernant les objectifs budgétaires”. |
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