[05/07/2007 18:40:32] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne s’est alarmée jeudi des signes de relâchement budgétaire dans la zone euro, visant indirectement la France qui menace de revenir sur ses engagements. “Le conseil des gouverneurs observe avec inquiétude les pressions apparues dans un certain nombre de pays en faveur d’un relâchement concernant les objectifs budgétaires”, a déclaré le président de la BCE Jean-Claude Trichet. Alors que les ministres des Finances de la zone euro se réunissent lundi pour débattre du sujet, les gardiens de l’euro ont voulu mettre les points sur les i : “il est impératif que tous les gouvernements se plient aux règles du Pacte de stabilité et de croissance” européen, particulièrement en ces temps de croissance économique solide, a lancé le banquier. L’avertissement intervient alors que le Premier ministre français, François Fillon, a confirmé cette semaine l’intention du gouvernement de reporter à 2012 le retour à l’équilibre du budget, au lieu de la date butoir de 2010 fixée par le pacte de stabilité et de croissance européen. La BCE n’est pas la seule a avoir exprimé son inquiétude. “Si la France devait sortir des objectifs de moyen terme que nous avons décidé tous ensemble, avec les Français, il y aurait un problème”, a récemment réagi Peer Steinbrück, le ministre allemand des Finances. L’Italie, qui veut ralentir le rythme de la réduction de son déficit, donne aussi du fil à retordre aux autorités européennes. Le président français Nicolas Sarkozy doit se rendre à Bruxelles pour présenter les projets français, un geste inhabituel puisque ces réunions sont réservées aux ministres des Finances. “Je me réjouis” de participer à la rencontre, a déclaré M. Trichet, sans vouloir anticiper sur son issue. Le président de la BCE aura du pain sur la planche et sera sans doute de nouveau amené à défendre la mission de lutte contre l’inflation de l’institut monétaire. Nicolas Sarkozy devrait en effet tenter à nouveau de convaincre ses partenaires de donner plus de poids politique à l’Eurogroupe, afin de contrebalancer les pouvoirs de la Banque centrale, notamment sur le front des changes. Jugeant le niveau de l’euro trop fort, et donc défavorable aux exportations françaises, il a encore regretté lundi que la BCE n’agisse pas pour le faire descendre, comme selon lui, la Chine avec le yuan, mais aussi les Etats-Unis avec le dollar et les Japonais avec le yen. La question du niveau de change externe de l’euro est “un domaine très important”, où il faut se comporter de façon “très responsable”, a répliqué M. Trichet. Les taux de changes sont, en ce qui concerne l’euro, le dollar et le yen, déterminés par les marchés et la position commune du G7 consiste à dire qu’une volatilité excessive des changes est indésirable, a-t-il rappelé. Les Etats-Unis ont en outre déclaré qu’un dollar fort était dans l’intérêt de leur économie, a-t-il souligné. La position contenue dans les communiqués finaux des réunions du G7 (Etats-Unis, Canada, Japon, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Italie) est signée non seulement par les banques centrales, mais aussi par les responsables politiques concernés, a-t-il répété à plusieurs reprises pendant la conférence de presse. “C’est ainsi que le monde fonctionne actuellement”, a-t-il insisté, un peu à la manière d’un instituteur. Les critiques de la France, très isolée dans ses revendications, ne devraient en tout les cas pas contrarier les projets de la BCE en ce qui concerne sa politique monétaire. M. Trichet a suggéré jeudi une prochaine hausse de taux soit en septembre, soit en octobre. Le principal taux directeur, laissé inchangé à 4% ce jeudi, a augmenté à huit reprises depuis décembre 2005. |
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