France : les dépenses d’assurance maladie pourraient augmenter de 50% d’ici 2015

 
 
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Photo d’une pile de feuilles de soins vierges faite dans une pharmacie de Strasbourg le 19 juin 2007 (Photo : Olivier Morin)

[05/07/2007 15:29:18] PARIS (AFP) Les dépenses de santé remboursées par la Sécurité sociale pourraient augmenter de 50% d’ici 2015 du fait du développement des affections longue durée, des progrès médicaux et du vieillissement de la population, selon une projection présentée jeudi par l’assurance maladie.

“Il y a eu un +Livre blanc+ sur les retraites en 1991 mais nous n’avions jamais établi de projection sur la soutenabilité financière en matière de santé”, a relevé le directeur de l’assurance maladie, Frédéric van Roekeghem, lors de la présentation de cette étude.

Au lendemain de l’annonce d’un nouveau dérapage du déficit de la Sécurité sociale, qui s’élèverait en 2007 à 12 milliards d’euros (toutes branches confondues: maladie, vieillesse, famille), cette étude prospective vient montrer, selon M. van Roekeghem, la nécessité “d’accélérer les réformes structurelles pour contrecarrer” la dégradation des comptes.

“Si l’on projette les dépenses d’assurance maladie à l’horizon 2015, sur la base des tendances observées sur la période 1998-2004, on estime qu’elles devraient atteindre 210 milliards d’euros contre 140 milliards actuellement, ce qui correspond à une hausse de 50%”, explique l’assurance maladie.

Le total des dépenses de santé (remboursées ou non) est actuellement de 190 milliards d’euros.

Depuis 1979, les dépenses de santé remboursées ont augmenté de 3,4% par an, soit 1,3 point de plus que la progression annuelle (+2,1%) du Produit intérieur brut (PIB).

Seules les quatre réformes de l’assurance maladie menées depuis la fin des années 70 (réformes Séguin de 1986, Veil en 1994, Juppé en 1995 et Douste-Blazy en 2004) ont permis de réduire temporairement la hausse des dépenses au niveau de l’évolution du PIB, voire à un niveau inférieur.

Entre 2005 et 2015, le rythme d’évolution des dépenses maladie est évalué par l’assurance maladie à +5,3% par an. Les soins de ville (médecine libérale, médicaments etc.) devraient atteindre plus de 100 milliards d’euros, contre 63 milliards d’euros en 2005, et l’hospitalisation autour de 105 milliards d’euros.

Cette évolution est pour partie liée au vieillissement de la population et aux progrès médicaux. Mais l’assurance maladie pointe du doigt le développement des dépenses liées aux affections de longue durée (ALD, comme le cancer, le sida, le diabète ou Alzheimer), prises en charge à 100% et dont sont atteints environ 7,4 millions de personnes.

Quelque 70% des montants de remboursement devraient être concentrés sur les ALD en 2015, contre 60% actuellement. A elle seule, la croissance des dépenses d’ALD représenterait 80% de la hausse des dépenses, principalement en médicaments et hospitalisation.

“En France, nous avons des débats sur le périmètre de prise en charge, comme actuellement sur les franchises médicales, ou le financement, avec par exemple la TVA sociale, mais nous n’en avons pas sur l’optimisation des dépenses”, a déploré M. van Roekeghem.

L’assurance maladie compte ainsi miser dans les années qui viennent sur la prévention de l’aggravation des maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension artérielle ou l’asthme en généralisant les dépistages de cancer ou en développant le rôle préventif du médecin traitant.

Le développement de la chirurgie ambulatoire, qui limite au maximum la durée de séjour du patient à l’hôpital, est une autre piste, prônée par le gouvernement, afin de “limiter les coûts et diminuer les risques d’infections nosocomiales”.

 05/07/2007 15:29:18 – © 2007 AFP