[05/07/2007 18:34:40] BRUXELLES (AFP) Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a prononcé jeudi à Bruxelles un vibrant plaidoyer pour les biocarburants qui peuvent selon lui “combattre la misère” dans le monde, et dont on peut éviter les effets secondaires néfastes sur l’environnement. Les biocarburants offrent l'”occasion historique” de construire “un monde prospère, uni et juste”, a estimé Lula, dont le pays est devenu le premier producteur mondial d’éthanol. Ils permettent selon lui de répondre à “un double défi”: “garantir la sécurité énergétique sans dommages à l’environnement, et modifier un modèle de consommation non durable en respectant les aspirations au bien-être et au développement”. Lula, qui intervenait lors d’une conférence internationale sur les biocarburants à Bruxelles, s’est dit certain que le succès brésilien pouvait être “répété” dans le monde en développement. “Le Brésil partage son expérience avec les pays qui veulent participer à cette révolution de la biomasse, en particulier les pays pauvres d’Afrique et d’Amérique centrale”, a-t-il souligné. Plusieurs dirigeants de pays en développement ont soutenu ses propos. L’Indonésie a lancé un programme de production de biocarburants notamment “créer des emplois et pour réduire la pauvreté”, a ainsi expliqué le ministre indonésien de l’Energie Purnomo Yusgiantoro, même si Jakarta est encore loin des 4,5 millions d’emplois directs ou indirects créés dans ce secteur au Brésil. Le président brésilien a en revanche dénoncé l’attitude des Européens. “Vous ne pouvez pas regarder (les biocarburants) en terme de profit, nous avons besoin de plus de solidarité, pour donner une chance à ceux qui n’ont eu aucune chance au XXe siècle et qui ne peuvent pas se permettre de ne pas en avoir non plus au XXIe siècle”. “Regardez le monde et songez que tous les pays, depuis le plus petit et le plus modeste, et que tous les hommes, depuis le plus modeste, ont la technologie et le savoir pour creuser un petit trou de 30 cm et planter une +plante à pétrole+ qui peut produire de l’énergie”, a-t-il lancé. Cette “révolution” pourrait en plus permettre de démocratiser l’accès à l’énergie, en remplaçant les “20 pays qui produisent de l’énergie” par plus d’une centaine de pays” qui pourront exporter vers les pays riches, a plaidé Lula, devant le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le Premier ministre portugais José Socrates, qui préside l’UE. Les représentants européens estiment les biocarburants nécessaires pour limiter la dépendance énergétique de l’UE et réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais soulignent qu’il ne sont pas la “panacée”, comme l’a fait jeudi le commissaire au Commerce Peter Mandelson. “Nous sommes tous conscients que la production de biocarburants, dans certains cas, peut causer des problèmes environnementaux en terme de protection des sols, de gestion de l’eau, de biodiversité, de protection de l’air et des forêts du monde”, a renchéri M. Barroso. Pour éviter cela, la Commission prépare pour la fin de l’année des “normes de durabilité” pour les biocarburants, normes qui s’appliqueront à la production européenne (3,9 millions de tonnes en 2005) comme aux importations. Lula a lui assuré que le Brésil avait déjà intégré la protection de l’environnement dans son développement des biocarburants. “Les programmes biocarburants ont été accompagnés par des actions gouvernementales pour protéger la biodiversité”, a-t-il assuré. Et le Brésil développe un “programme de certification” qui assurera que les biocarburants brésiliens respectent “des critères environnementaux mais aussi sociaux”, a-t-il ajouté. |
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