La Tunisie est confrontée à un défi majeur, qui lui pose un
vrai casse-tête : celui de l’emploi.
En effet, le seul point noir de la croissance économique
tunisienne durant la dernière décennie reste le chômage dont le taux
officiel, selon les statistiques de l’INS est de 14,9% en 2006 qui touche
particulièrement les diplômés du supérieur, dont le taux de chômage dépasse
22%, aggravé par l’arrivée chaque année de 80.000 nouveaux diplômés sur le
marché du travail.
Si on regarde le secteur des services, on observe qu’il a
contribué en 2006 à 67% de la croissance, avec 49% des emplois et 54% des
investissements.
On note que le nombre des entreprises étrangères a augmenté
pour atteindre en 2006, 451 entreprises, soit 15% des entreprises étrangères
installées en Tunisie.
En outre, 26% des exportations sont liés au secteur des
services, que ce soit celui des TIC, de la santé, du bâtiment, les services
publics, les services bancaires, l’ingénierie des études, les expertises,
les services d’éducation ou les services d’assurance.
Afin de situer la problématique de l’emploi et du chômage
dans le contexte de développement économique de la Tunisie, il suffit de
savoir que durant la période 1997-2001, le PIB a augmenté en moyenne de 5%
par an, alors que durant la même période l’emploi n’a progressé que de 2,6%
par an, un déficit qui ne peut être comblé, selon la Banque mondiale, que
par une croissance annuelle de 10%.
Cette difficulté est due en grande partie à la prédominance
de l’activité industrielle dans la structure de l’économie tunisienne, donc
faiblement créatrice d’emplois, notamment celui des cadres.
Toute la difficulté et
toute la problématique résident dans la reconversion de la structure de
l’économie tunisienne d’une économie industrielle vers une économie de
services, d’une économie de biens vers une économie de services.
Toutefois, selon
l’économiste Marouane El Abassi, professeur universitaire à l’IHEC (Institut
des Hautes Etudes Commerciales de Carthage), il ne faut pas opposer
l’industrie et les services mais il faut compléter le bien par le service.
L’approche de la
promotion de l’économie des services reposerait sur 3 axes :
– pour le secteur
touristique, il faut axer sur la diversification des produits, la promotion
de la qualité, le tourisme haut de gamme et surtout la promotion et le
marketing à l’étranger ;
– pour
l’agriculture, c’est la filière de l’huile d’olive, dont il faut assurer le
passage d’une distribution au vrac anonyme à une distribution conditionnée
personnalisée sous label.
Pour mémoire, la Tunisie
ne conditionne que 1% de son huile d’olive, à l’exportation, qui est
exportée de manière anonyme, dans les colis de bateaux ou des fûts, sans
mention ni du pays d’origine ni sans aucune plus-value.
Les Espagnols, Français
et autres Italiens, assurent une plus-value de 5 fois le prix initial, en la
conditionnant, sous des labels européens.
Le CEPEX lancera
prochainement une étude financée par le FAMEX pour comprendre les méandres
des circuits de distribution de l’huile d’olive à l’étranger et pour arrêter
les mesures à faire.
En attendant, la Tunisie
doit limiter l’importation et la compensation des huiles végétales, lancer
des labels régionaux pour l’huile d’olive et faire la promotion de ce
produit auprès des Tunisiens, qui est en train d’être détrônée côté
consommation par l’huile de Soja et de tournesol.
En outre, il est
impératif de développer enfin l’ingénierie et les services à haute valeur
ajoutée, notamment dans les TIC, sans oublier de concevoir et de développer
des approches biens/services.
Pour cela, il faut passer
nécessairement par la refonte du Conseil National de Services, d’une
structure administrative publique vers une plateforme collaborative avec une
plus grande présence des opérateurs du secteur privé. Et ce par
l’élaboration et la mise en place de stratégie de lobby auprès de l’OMC, la
FAO, le CNUCED ou la Communauté européenne.
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