Coopération tuniso-japonaise : Zarrat la pêche «à la japonaise »

Par : Tallel

Les Japonais sont connus
pour être des gens qui agissent de façon efficace mais à l’abri des regards,
comme par exemple l’aide publique au développement que ce pays verse aux
différents pays en développement -faisant partie des plus importantes APD au
monde. Mais peut-être les temps ont changé, parce
que, dans le cadre de la coopération entre la Tunisie et le Japon, par
exemple, l’antenne tunisienne de l’Agence japonaise de coopération
internationale (JICA) a organisé, les 24, 25 et 26 juin 2007, une tournée de
presse dans deux projets qu’elle finance en Tunisie, à Kerkennah et à Gabès.

 

A kerkennah, il s’agit
d’une ‘’étude sur le plan directeur de l’amélioration de la qualité et de la
productivité’’ dans le secteur de l’industrie électrique et électronique,
tandis qu’à Gabès (Zarrat)
nous avons visité un projet de ‘’gestion durable de la pêche côtière…’’.

 

L’objectif du Japon dans
tout ça, c’est faire savoir
au peuple tunisien, par l’entremise de la presse locale, de l’état des
relations qu’entretiennent les deux pays.

 

Rappelons tout d’abord
que le projet s’intitule élaboration d’un ‘’plan directeur’’ pour
l’amélioration de la qualité et de la compétitivité en Tunisie, et ce afin
de renforcer la compétitivité internationale de l’industrie tunisienne. 

 

En effet, après notre
visite (le lundi 25 juin) du site de production de l’entreprise Kacem
Electronic Idustry, située dans l’île de Kerkennah, on a pris la direction
de Gabès, à l’hôtel Chams -où on a juste eu le temps de poser nos valises,
avant d’avoir une réunion avec les responsables locaux et les experts
nippons chargés du projet.

 

zarrat1.jpgMardi matin, à 7H SVP,
départ vers le site de l’élevage de palourde ; après 1H30 de visite, de
nouveau départ vers le port de Zarrat, où un travail intense nous
attendait : préparation de déversement et mise en mer des bébés poissons et
largage de récifs artificiels.

 

Contexte : Selon un
document de presse qui nous a été transmis, ‘’l’agriculture et la pêche sont
deux domaines du secteur primaire soutenus par le gouvernement tunisien’’.
Toutefois, une surexploitation des ressources en poisson et fond marin dans
le Golfe de Gabès a provoqué, ces dernières années, une baisse sensible de
ces ressources, lit-on dans le document, lequel ajoute : ‘’de plus, on note
une détérioration de la végétation des herbiers marins du Golfe de Gabès,
ces herbiers étant un foyer pour le développement et la formation des
ressources côtières dans le Bassin méditerranéen’’.

 

De ce fait, une
conclusion s’imposait : l’avenir des pêcheurs et des personnes exerçant des
activités liées au domaine de la pêche étant menacé, il était nécessaire de
mettre en œuvre un projet pour contribuer au développement durable dudit
secteur.

 

C’est ainsi que des
récifs artificiels ont été conçus et sont en train d’être largués à
Kerkennah, Mahrès, Ajim et Zarrat ; une action à laquelle s’ajoute le
déversement des petits poissons sur des anciens sites à quelques centaines
de mètres au large où ont été préalablement versés des récifs artificiels.

 

zarrat2.jpgQuant à l’objectif final
du ‘’projet de gestion des ressources de pêche côtière en Tunisie’’, il
consiste en le développement, avec la participation des pêcheurs, de
plusieurs modèles de gestion des ressources marines visant notamment :
– l’exploitation
et la gestion durable des ressources de la pêche côtière ;

le soutien et la
stabilisation du niveau de vie des pêcheurs ;

la création d’un système
dans lequel les organisations de pêcheurs… et les organismes gouvernementaux
gèreront en commun ces ressources.  

 

La durée du projet est de
5 ans (1er avril 2005 – 31 mars 2010), avec une évaluation à mis
parcours afin de voir si des ajustements sont nécessaires.

 

Toujours dans la
présentation du projet, il faut noter qu’il est constitué de quatre
activités, à savoir :
– réhabilitation
des herbiers marins (transformation expérimentale du simodoce et de
posidonie au large de Kerkennah et Zarrat ; mais également installation des
récifs artificiels) ;
– production
artificielle et déversement des alevins (ayant pour but de promouvoir les
activités expérimentales relatives à l’amélioration du stock…) ;
– tentative
de création des différentes sources de revenus pour les pêcheurs et
l’élaboration d’un plan d’action pour la diversification de leurs revenus ;
– établissement
d’un plan d’échange d’informations techniques relatives à la gestion durable
des ressources de la pêche côtière entre la Tunisie et les pays voisins.

 

Précisons cependant que
toutes ces actions ont été conçues et sont en train d’être réalisées en
collaboration directe avec les pêcheurs des villages concernés, que ce soit
à Kerkennah, à Maharès, Zarrat ou Ajim, dont les habitants, inquiets de la
raréfaction des ressources halieutiques, semblent décidés à prendre en main
leur destin. Ils participent directement à la fabrication des récifs… Les
pêcheurs de Zarrat vont plus loin, puisque, en plus des 500 récifs prévus,
ils en ont construit quelque 500 autres; c’est dire leur détermination à
sauver leurs sources et ressources.

 

Signe perceptible et
encourageant de ces actions : le maire de Zarrat explique qu’il y a quatre
ans en arrière, aucun thon n’était sorti du port de Zarrat, or en janvier
2007, ce sont près de 37 tonnes que la mer a livrées. Cela n’a été possible
que grâce à la sensibilisation des habitants et des pêcheurs de la ville.

 

Cependant, des questions
subsistent : jusqu’à quand pourra-t-on continuer à protéger ces ressources ?
A défaut, quelles sont les solutions de rechange ?

 

zarrat3.jpgLe maire de la
municipalité de Zarrat a déjà quelques idées là-dessus : ‘’on explore
certaines pistes, telle que la création de la zone touristique Limawa qui
sera reliée avec Djerba… La région possède un autre atout : une oasis en
partie irriguée et en partie forestière où il est possible d’organiser des
circuits touristiques’’, indique-t-il. A ceci s’ajoutent, également, des
dunes de sable qui jouxtent le flanc de mer, des palmiers dattiers jusqu’au
bord de la mer ; sans oublier le festival
national des écrevisses de Zarrat –qui se déroule les 5-6 avril de chaque
année et qui réunit plusieurs familles…

 

Tout ceci montre que,
contrairement à d’autres zones, Zarrat possède plusieurs solutions d’appoint
à l’activité de pêche, laquelle activité de pêche, malgré les actions
menées, n’a vraiment pas un long avenir.

 

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A propos de la
Municipalité de Zarrat :
– 350
pêcheurs ;
– près
de 1000 collecteurs de palourde (essentiellement des femmes) ;
– 2000
tonnes de poissons pêchés en 2006 (dont 90% constitués de sardines).