[10/07/2007 13:14:57] PARIS (AFP) Danone compte devenir le champion des “aliments bons pour la santé”, très rentables, en s’emparant de Numico, le numéro un européen de l’alimentation pour bébé, ce qui lui donnerait la taille nécessaire pour se protéger d’une éventuelle OPA. Délesté de ses biscuits, peu rentables, vendus la semaine dernière à l’américain Kraft, Danone mise sur un secteur en pleine croissance afin d’échapper à des prédateurs, tels que Coca-Cola ou PepsiCo, susceptibles d’être tentés par le groupe devenu leader mondial des produits laitiers frais et numéro 2 des eaux en bouteille. L’action de Danone, qui possédait déjà Blédina, reculait toutefois mardi, car la plupart des analystes saluaient l’opération mais jugeaient élevé le prix (12,3 milliards d’euros) proposé par Danone. A 14H00 (12H00 GMT), Danone cédait 0,72% à 59,05 euros dans un marché parisien en baisse de 0,59%, après avoir déjà cédé 3,28% la veille. “Numico est un groupe à forte croissance avec des positions réellement uniques dans le secteur de la santé et de la nutrition”, a commenté la banque américaine JPMorgan mais les analystes de Merrill Lynch ont jugé très élevé le prix offert aux actionnaires de Numico, abaissant par conséquent leur recommandation sur le titre à “neutre” contre “acheter” auparavant. Pourtant le marché de l’alimentation infantile, estimé à plus de 15 milliards d’euros, montre une croissance annuelle mondiale d’environ 7% depuis 2000 (3,1% aux Etats-Unis et 5,2% en France en 2006), selon le cabinet de conseil Alcimed. Les ventes de “petits pots” ont même bondi de 22% en Asie en 2006 (et 50% en Chine, devenu un des trois principaux marchés avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni). Cette croissance du marché mondial devrait s’accélérer puisque les prévisions tablent sur une hausse de 21% entre 2005 et 2010. Cette vision optimiste est basée sur l’apparition de nouveaux produits (soupes, snacks …) censés lutter contre l’obésité dès le plus jeune âge, un problème jugé de plus en plus préoccupant dans de nombreux pays. Alléchés par les importantes marges réalisés, la vingtaine de groupes qui détenaient 85% du marché mondial, se sont lancés dans une frénésie d’achats. Ainsi, le suisse Nestlé, le grand rival de Danone dans les eaux, qui convoitait depuis plus de dix ans le très profitable américain Gerber (un bénéfice opérationnel de 307 millions de dollars pour 1,6 milliard de chiffre d’affaires) vient de se l’offrir pour 5,5 milliards de dollars (4,1 milliards d’euros). Ce mouvement, estiment des analystes du secteur, a poussé le PDG de Danone Franck Riboud a signer le plus gros chèque depuis qu’il a succédé, il y a 11 ans, à son père Antoine qui, au contraire de lui, n’avait cessé de procéder à des acquisitions pour se mettre à l’abri d’une OPA. Reste maintenant à Franck Riboud a régler les différends qui l’opposent à ses partenaires en Inde (le président de Bombay Dyeing, Nusli Wadia) et en Chine (l’ex-président de Wahaha, Zong Qingho). Car sa taille (quelque 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2006, autour de 30 milliards de valorisation), même dopée par les “petits pots”, risque d’être insuffisante pour le préserver de l’appétit des deux géants américains des sodas qui rêvent depuis de nombreuses années de débarquer dans ce secteur sur le Vieux continent. |
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