Paquet fiscal : ode au travail de Lagarde face au “scepticisme” de la gauche

 
 
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Christine Lagarde, la ministre de l’Economie, détaillant le “paquet fiscal” à l’Assemblée le 10 juillet 2007 (Photo : Jacques Demarthon)

[10/07/2007 17:25:47] PARIS (AFP) Les débats sur le “paquet fiscal”, premier texte de la législature à venir devant les députés, ont débuté mardi à l’Assemblée par une ode vibrante au travail de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, qui a galvanisé la majorité mais s’est heurtée au “scepticisme” et aux critiques de la gauche.

Tocqueville, Confucius, Erik Orsenna – la plume de Mitterrand – ou paroles de rap: la ministre a fait appel aux références les plus hétéroclites pour livrer un discours très imagé faisant l’apologie du travail.

“Durant ces derniers mois, que nous ont dit les Français ? Qu’ils ne voulaient pas des loisirs en plus mais plus de travail, non pas du pain et des jeux mais les fruits de leur labeur, non pas des rentes aléatoires mais un salaire mérité” et qu’ils en avaient “assez” que leur travail soit décrié par des “bobos à la mode”, a-t-elle lancé.

“Reconsidérer le travail, c’est rompre avec une tradition de mépris qui trouve sa source dans l’Ancien Régime” car dans une démocratie, “le grand patron comme le petit employé savent ce que c’est qu’une +grosse journée de travail+”, a-t-elle estimé, applaudie par l’UMP mais huée par la gauche.

Mais “le rôle de l’Etat n’est pas de forcer les gens à travailler”, ce texte visant à “encourager et à valoriser (…) tous ceux qui veulent se mettre, ou se remettre au travail”, a-t-elle ajouté.

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La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, devant l’Assemblée nationale, le 10 juillet 2007 (Photo : Jacques Demarthon)

Elle a ensuite défendu et chiffré tour à tour les mesures du texte, à commencer par la “mesure phare”: le dispositif en faveur des heures supplémentaires, chiffré à 6 milliards d’euros, qui “couvre plus de la moitié du coût global de la loi” qu’elle a évalué à “10 à 11 milliards” en 2008 et “13,6 milliards d’euros en régime de croisière” par an, soit à partir de 2009.

Selon elle, grâce à ce texte, “la croissance devrait progresser de près d’un demi-point en 2008”.

Elle a aussi défendu l’ajout dans le bouclier fiscal des prélèvements sociaux (CSG, CRDS) car ce “sont bien des impôts” qui “pèsent directement sur le revenu”.

Les emprunts littéraires n’ont pas du tout été du goût de Jean-Pierre Brard (app. PCF), pourtant très friand de cet exercice. “Vos intellectuels, c’est Doc Gynéco et Johnny Halliday”, mais “les vrais intellectuels, vous les instrumentalisez en sortant de leur contexte” les citations, a-t-il affirmé, en estimant que la ministre avait dû lire un “résumé de leur production”.

Dans les couloirs de l’Assemblée, les réactions PS ont également été vives: “copie de 1ère en bac philosophie”, a jugé David Habib, “c’est le discours de la droite contre le Front populaire”, s’est exclamé Jean-Marc Ayrault.

Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités, a ensuite pris la parole pour défendre le volet social du texte et notamment le RSA (revenu de solidarité active). Beaucoup chahuté par l’opposition mais sans se laisser désarçonner, il a vanté “une rupture qui permet” aux plus faibles de “repartir et “non pas une rupture qui les abandonne ou les stigmatise”.

Sur le fond, l’opposition a également manifesté ses “inquiétudes”.

Didier Migaud (PS), président de la commission des Finances de l’Assemblée et Jean-Louis Idiart (PS) ont épinglé un texte, plein de “cadeaux fiscaux” qui sous couvert de mesures “innovantes”, présente de “vieilles recettes éculées”.

“Vous continuez à vider les caisses de l’Etat avec tous ces allègements” pour “ceux qui n’en ont pas besoin”, a dénoncé Martine Billard (Verts) suggérant d’ajouter au titre du projet “assistanat aux grandes fortunes”.

 10/07/2007 17:25:47 – © 2007 AFP