Danone veut grandir grâce à l’alimentation pour bébés et se protéger d’une OPA

 
 
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Le PDG de Danone Franck Riboud (g) et celui de Numico Jan Bennink, le 10 juillet 2007 à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

[10/07/2007 19:02:07] PARIS (AFP) Le groupe alimentaire français Danone compte devenir le champion des “aliments bons pour la santé”, très rentables, en s’emparant de Numico, le numéro un européen de l’alimentation pour bébés, et se protéger ainsi d’une éventuelle OPA.

Délesté de ses biscuits, peu rentables, vendus la semaine dernière à l’américain Kraft, Danone mise sur un secteur en pleine croissance afin d’échapper à des prédateurs, tels que Coca-Cola ou PepsiCo, susceptibles d’être tentés par le groupe devenu leader mondial des produits laitiers frais et numéro 2 des eaux en bouteille.

Désormais, au slogan traditionnel de Danone, “apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre” devra s’ajouter “tout au long de la vie”, a affirmé Franck Riboud, le PDG de Danone, mardi au cours d’une conférence de presse.

“A terme, nous vendrons des bénéfices santé, non pas pour guérir, mais pour prévenir”, a prédit le PDG de Danone qui rêve de voir aboutir les recherches du pôle nutrition clinique de Numico pour retarder la progression de maladies (Alzheimer ou Sida).

L’action de Danone reculait toutefois mardi, la plupart des analystes saluent l’opération mais jugeant élevé le prix proposé par Danone: 13 milliards d’euros au final avec la reprise de la dette.

A la clôture de la Bourse, Danone cédait 1,77% à 58,43 euros dans un marché parisien en baisse de 1,40%, après avoir déjà cédé 3,28% la veille.

“Numico est un groupe à forte croissance avec des positions réellement uniques dans le secteur de la santé et de la nutrition”, a commenté la banque américaine JPMorgan, mais les analystes de Merrill Lynch ont jugé très élevé le prix offert, et abaissé leur recommandation sur le titre à “neutre” contre “acheter”.

Pourtant le marché de l’alimentation infantile, estimé à plus de 15 milliards d’euros, montre une croissance annuelle mondiale d’environ 7% depuis 2000 (3,1% aux Etats-Unis et 5,2% en France en 2006), selon le cabinet de conseil Alcimed.

Les ventes de “petits pots” ont même bondi de 22% en Asie en 2006 (et 50% en Chine, devenu un des trois principaux marchés avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni).

Alléchés par les importantes marges réalisés, la vingtaine de groupes qui détenaient 85% du marché mondial, se sont lancés dans une frénésie d’achats.

Ainsi, le suisse Nestlé, le grand rival de Danone dans les eaux, qui convoitait depuis plus de dix ans le très profitable américain Gerber (un bénéfice opérationnel de 307 millions de dollars pour 1,6 milliard de chiffre d’affaires) vient de se l’offrir pour 5,5 milliards de dollars (4,1 milliards d’euros).

Reste que la taille de Danone (14,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans son nouveau format, autour de 30 milliards de valorisation) risque d’être insuffisante pour le préserver de l’appétit des deux géants américains des sodas qui souhaitent depuis de nombreuses années débarquer en force sur le Vieux continent dans le secteur des eaux

“J’ai grandi depuis 20 ans avec les rumeurs d’OPA”, répond M. Riboud qui rappelle que son père Antoine devait déjà répondre à la même question sur l’avenir du groupe.

 10/07/2007 19:02:07 – © 2007 AFP