[10/07/2007 18:47:55] PARIS (AFP) En pleine intégration, Arcelor Mittal étudie une réorganisation de la gestion de sa principale branche d’activité, un projet qui conforterait la centralisation du leader mondial de l’acier basé au Luxembourg mais aussi sa présence dans le Grand Duché actionnaire. Le groupe géant, issu du rachat de l’européen Arcelor par Mittal Steel en juin 2006, planche sur une “réorganisation opérationnelle” de son activité aciers plats carbone en Europe de l’Ouest, a indiqué mardi à l’AFP un porte-parole du groupe, confirmant des informations de La Tribune. Le projet, baptisé “Bridge”, “n’est pas encore finalisé”, mais a déjà été présenté aux représentants des salariés au sein du comité européen d’entreprise, a-t-il précisé. S’il est effectivement mis en oeuvre, le plan se traduira par “un transfert au Luxembourg des décisions concernant la stratégie” de cette branche, a confirmé le porte-parole, sans autre précision. Avec ce plan, Arcelor Mittal veut “améliorer le service aux clients”, qui n’auraient plus qu’un seul interlocuteur au Luxembourg, “et réaliser des gains de compétitivité”. Selon La Tribune, le plan pourrait être finalisé fin juillet et mis en oeuvre début 2008. Contacté par l’AFP, Edouard Martin, représentant CFDT au comité d’entreprise européen du groupe, a fait part du sentiment “assez négatif” des syndicats vis-à-vis de ce projet. Selon lui, la centralisation de l’ensemble du processus décisionnel dans une seule société basée au Luxembourg, “Luxco”, serait synonyme de perte d’autonomie des sites de production, réduits à une simple fonction de fabrication, et de centralisation des bénéfices des filiales au Luxembourg, doté d’une fiscalité avantageuse. Une fois créée, “Luxco” fixerait désormais à l’avance à chaque usine un prix pour la tonne d’acier qu’elle leur rachèterait. Un “grave danger” pour M. Martin, “car chaque usine devra se débrouiller” pour produire et dégager des marges en fonction de ce prix. Si les marges s’étiolent, qu’adviendra-t-il des accords de participation et d’intéressement des salariés, s’interroge le représentant syndical. Et si les temps deviennent plus difficiles pour le secteur de l’acier, “Luxco” ne sera-t-elle pas tentée d’attribuer les commandes aux sites produisant à moindre coût, questionne-t-il. D’ores et déjà critiqué, le plan entérine néanmoins une présence durable du groupe au Luxembourg, siège de l’ex-Arcelor, alors que la rumeur d’un déménagement vers Londres a couru après la fusion. Mittal Steel s’était engagé à l’été 2006 à maintenir le centre névralgique du nouveau groupe dans la capitale de l’Etat luxembourgeois, alors actionnaire d’Arcelor à hauteur de 5,6%. Diluée à l’issue de la fusion, sa part est aujourd’hui tombée à 2,7% du nouvel ensemble. Les “fuites” sur le plan “Bridge” interviennent pourtant alors que les signes d’une reprise en main du nouveau groupe par les ex-Mittal Steel se multiplient. “On sent un remaniement complet. Mittal place ses pions, place ses cadres”, témoigne une source syndicale. Vendredi, le groupe a annoncé que Roland Junck quitterait la direction générale fin juillet et qu’il ne serait pas remplacé. Ses fonctions seront redistribuées entre les cinq membres restants de la direction générale: le PDG Lakshmi Mittal et son fils Aditya, directeur financier du groupe, un ex-Mittal Steel et deux ex-Arcelor. Nommé PDG d’Arcelor Mittal en août 2006, M. Junck, issu d’Arcelor, avait été remplacé trois mois plus tard seulement par Lakshmi Mittal, alors que l’homme d’affaires indien, dont la famille détient 44,8% du nouveau groupe, s’était engagé au moment de la fusion à n’assurer aucune fonction opérationnelle. |
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