‘‘Projet du
siècle !’’, ‘‘Projet événement !’’… Ce sont là quelques appréciations
qualifiant l’opération d’investissement au Lac Sud de Tunis par la Société
Sama Dubaï et qui a fait l’objet d’un projet de loi soumis hier à la Chambre
des députés pour adoption.
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Il s’agit en
effet d’un projet de grande envergure qui se monte initialement à 14
milliards de dollars US (l’équivalent de 18 milliards de dinars), portant
sur une superficie d’environ 830 ha, et visant la réalisation de groupements
immobiliers, commerciaux, de services et nombre d’annexes. Entre autres
engagements, Sama Dubaï a donné son accord pour le financement du projet Ã
hauteur de 90 % en devises pour ce qui concerne les crédits, soit 66 % au
moins du capital, et la préservation de l’environnement selon les meilleures
normes internationales.
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Sur le plan
national, l’étude du projet laisse entrevoir les répercussions attendues de
cette réalisation et qui doivent s’exprimer par la création d’importantes
opportunités d’emploi notamment pour les diplômés du supérieur, que ce soit
lors de la réalisation du projet ou lors de l’entrée en exploitation de ses
diverses composantes ; une large contribution au taux de croissance qui tend
à 6,3 % au courant de la prochaine décennie ; le développement du secteur
des exportations de services ; et de multiples retombées bénéfiques sur tous
les secteurs dont en particulier celui des matériaux de construction.
A certains égards, a-t-on fait remarquer, le projet s’inscrit dans le fil
droit du plan de développement de la Tunisie de demain, et va de pair avec
les objectifs de la prochaine étape en ce qui concerne la croissance,
l’emploi et l’investissement. Cependant, l’impact fort probant dudit projet
sur l’économie tunisienne a dicté la nécessité pour le promoteur de pouvoir
bénéficier d’avantages fiscaux et administratifs, de même que la réalisation
par l’Etat tunisien de l’infrastructure de base. Il a été précisé dans ce
sens que la cession des terres domaniales au profit des investisseurs privés
locaux ou étrangers est une disposition prévue dans le code de promotion des
investissements et non une exception, sachant que l’Etat tunisien a consenti
en faveur de Sama Dubaï des avantages tout à fait conformes à la loi.
En somme, nombreux étaient les députés à exprimer leur satisfaction face Ã
ce projet qui fera de Tunis un important centre d’affaires dans le bassin
méditerranéen, voire un centre mondial des services, sans perdre de vue
cette faculté qu’a la Tunisie de pouvoir drainer de si importants
investissements étrangers. Et pourtant, ce ‘‘projet événement’’ n’a pas
manqué de soulever des réactions peu favorables. Quelques députés se sont
dits surpris que l’Etat tunisien ait pu donner son accord pour une telle
cession qui ‘‘va tout naturellement ouvrir la porte à d’autres cessions, de
sorte que la boulimie des pays du Golfe sera progressivement assouvie en
s’implantant petit à petit chez nous’’.
Question assez délicate qui a invité, entre autres, le ministre de la
Justice et des Droits de l’Homme à s’expliquer sur la problématique posée.
M. Béchir Takkari a tenu à préciser en premier lieu que la convention en
question n’a pas été signée entre deux Etats, mais entre un Etat (la
Tunisie) et une Société privée (Sama Dubaï). De surcroît, l’Etat tunisien –
comme toute autre partie – pourra lui-même acheter plus tard du terrain dans
cette ‘‘ville dans la ville’’, de sorte que l’investisseur fera au bout du
compte figure de lotisseur, sans plus. Ensuite, cette nouvelle ville qui
verra le jour sera, administrativement parlant, gérée à tous points de vue
par les autorités tunisiennes ; en cas de litige, c’est la justice
tunisienne qui aura, seule, le droit de trancher.
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