[11/07/2007 14:29:50] FRANCFORT (AFP) La chancelière allemande Angela Merkel a fermement rejeté la proposition de la France en faveur d’une politique visant à faire baisser le taux de change de l’euro, un sujet qui risque, peu après l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, de mettre à l’épreuve le couple franco-allemand déjà à la peine dans le dossier EADS. “Cela ne me dit vraiment rien. Je ne suis pas prête à aller sur ce terrain. Et le gouvernement allemand non plus”, a déclaré la chancelière conservatrice dans une interview à la chaîne de télévision RTL diffusée mardi soir, alors qu’on lui demandait son avis sur de récentes propositions françaises d’oeuvrer en faveur d’une baisse du taux de change de la monnaie unique. Cette mise au point, qui laisse poindre un brin d’irritation, intervient alors que l’euro a atteint avec plus de 1,37 dollar un nouveau pic historique face au billet vert, propre à irriter davantage Paris pour qui la force de la monnaie unique handicape les exportations françaises. La France donne du fil à retordre à Berlin depuis le printemps. Aussi bien Nicolas Sarkozy que sa rivale socialiste Ségolène Royale ont fait de l’euro un sujet de campagne présidentielle. Tous deux exigeaient alors une remise à plat des compétences de la Banque centrale européenne, accusée, par des hausses de taux d’intérêt à répétition qui dopent l’euro, de sacrifier la croissance sur l’autel de la lutte contre l’inflation. Devenu président, Nicolas Sarkozy a certes renoncé à ses idées de réformer la BCE, faute de soutien parmi ses partenaires de la zone euro, mais veut renforcer le poids politique de l’Eurogroupe, qui rassemble les ministres des Finances des 13 Etats de l’euro, afin de contrebalancer les pouvoirs de la banque sur le front des changes. Angela Merkel, qui est montée à plusieurs reprises au créneau au cours de ces derniers mois pour réaffirmer son attachement à l’indépendance de la BCE, a recommencé mardi. “Bien sûr, on a toujours tendance à dire que nous aimerions bien ceci ou cela, mais ce qui est important c’est que les gens soient protégés de l’inflation,” a-t-elle lancé. “C’est pourquoi l’indépendance de la Banque centrale européenne est un point crucial. Et c’est pourquoi il n’est pas question pour l’Allemagne de changer d’avis en ce moment,” a-t-elle tranché.
Le débat a lieu à un moment où les deux pays négocient laborieusement un compromis sur la direction du groupe européen d’aéronautique et de défense EADS, maison mère d’Airbus. Berlin, qui soupçonne la France de vouloir mettre la main sur EADS, veut imposer Tom Enders comme président unique de l’exécutif du groupe, tandis que le Français Louis Gallois conserverait la seule présidence d’Airbus. C’est du moins le scénario le plus souvent cité dans la presse. Les deux pays s’efforcent de trouver un accord d’ici leur réunion informelle du 16 juillet à Toulouse, berceau d’Airbus. Au delà, Angela Merkel semble se préparer à des temps orageux avec son homologue français. Le magazine Der Spiegel paru lundi faisait état d’une conversation inattendue de la chancelière avec son prédécesseur Gerhard Schröder lors d’une soirée organisée il y a une semaine par le groupe parlementaire social-démocrate. Les Allemands vont encore avoir des problèmes avec Nicolas Sarkozy, qui veut avec force imposer les intérêts français, confiait-elle à son ancien rival social-démocrate, selon des propos au style indirect. Lors du sommet européen de juin, le nouveau locataire de l’Elysée a encore joué un rôle constructif, car ses intérêts coincidaient par hasard avec ceux des Allemands, aurait-elle dit, avant d’ajouter: mais ce n’est qu’une question de temps avant que l’affrontement n’éclate. |
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